Pascal Contet, accordéoniste compiégnois, est l'une des têtes d'affiche de la 23e édition du festival des forêts jusqu'au 16 juillet. Depuis trente ans, ce musicien cherche à imposer l'accordéon dans le monde de la musique classique et contemporaine.
« Quand j’entends du bal musette à l’accordéon, les larmes me montent aux yeux », confie Pascal Contet, 52 ans, musicien à la carrière éblouissante. Le musette c’est toute son enfance. Ses parents faisaient les baldoches et les kermesses. Le père batteur, la tante accordéoniste. C’est cette tante, un as du piano à bretelles, qui est à l’origine de sa vocation. « Mais le musette, ça ne m’a jamais attiré. Tout petit, je voulais faire de la grande musique. »C’est à Hanovre (Allemagne), auprès d’une professeure férue de musique contemporaine que le jeune virtuose découvre vraiment sa passion. « Elle m’a dit "Was ? Vous connaissez Jean Françaix, mais c’est formidable !" » Le compositeur Jean Françaix, résidait dans l’Oise, à côté de la maison parentale. Le grand homme encourage le jeune virtuose, lui écrit des morceaux et le prend sous son aile. Malheureusement, Jean Françaix disparaît en 1997, trop tôt pour voir son poulain s’épanouir.
Une brillante carrière
En Suisse, en Allemagne, en Autriche, au Danemark, l’accordéon c’est du sérieux. Pascal va donc faire ses gammes dans les pays nordiques. Il enchaîne les prix, les concours, les concerts et fait des rencontres enrichissantes. Pendant trente ans, Pascal Contet parcourt la planète, son instrument en bandoulière. Il interprète, compose, improvise et milite pour faire reconnaître l’accordéon comme l’instrument de toutes les musiques actuelles. Il écrit des musiques de films (Comment va la douleur France2, Dimanche 4 janvier Port au Prince), se produit avec des comédiens, des chorégraphes, des plasticiens etc.Son appétit artistique semble insatiable. Ce petit homme, à la cinquantaine affable, a tracé la voie. Une génération de jeunes accordéonistes lui emboîte désormais le pas et constitue un vivier d’interprètes pour la musique contemporaine. « C’est dur d’obtenir une légitimité dans le classique avec l’accordéon », admet l’homme qui tient un superbe Ballone-Burini noir dans ses bras. « J’ai l’impression que ça ne fait que commencer ! »
Nul n’est prophète…
A Ault (80), assis dans un coin du café Vents et Marées, Pascal Contet fait ses gammes avec à ses pieds un chien mélomane qui prolonge de ses ululements certaines phrases musicales. L’artiste est familier des lieux et apprécie depuis toujours cette partie de la côte picarde. « On venait fréquemment au Tréport avec toute la famille. C’est de là que date mon attachement sentimental et esthétique à ce lieu enchanteur. »Compiégnois d’origine, Pascal Contet est aujourd’hui à Sao Paulo, demain à Moscou et après-demain en Turquie. Il est demandé partout… sauf en Picardie. « Je ne sais pas pourquoi, s’interroge t-il, je contacte les responsables d’établissements culturels mais l’accordéon, c’est peut être encore trop ringard pour eux. »
L’injustice est partiellement réparée. Pascal Contet se produira le samedi 12 juillet à Saint-Jean-aux-Bois avec l’Orchestre de Picardie… pour la première fois de sa carrière.
Avec Pascal Contet, musicien / Reportage : Thierry Bonté, Jean-Paul Delance et Cédric Delangle