Le Président de la République est en visite officielle à Calais ce lundi.
François Hollande est arrivé lundi matin à Calais, où le campement de la "Jungle" grossit dans un climat de tension croissante, sur fond de polémique quant au sort des milliers de migrants qui attendent leur évacuation. Dans un discours aux forces de l'ordre, il a déclaré : "Nous devons démanteler complètement, définitivement le camp. Le gouvernement prépare le démantèlement de la lande de Calais. Et il ira jusqu'au bout. (...) C'est conforme à nos principes républicains et c'est l'intérêt de tous. (...) Et en prenant, autant qu'il est possible, une distance par rapport à des instrumentalisations ou des polémiques qui d'ailleurs tournent le dos aux principes des valeurs de la République".
"L'Etat a fait son devoir et continuera à le faire tout au long de la période du démantèlement de Calais et même après pour que ne se reproduisent pas les situations qu'on a connues à d'autres époques quand avaient été démantelés des camps qui se sont ensuite reconstitués ou quand des personnes
se sont dispersées ajoutant l'inorganisation à l'insécurité", a-t-il affirmé avec force. Une allusion transparente au démantèlement du camp de Sangatte en septembre 2002 alors que son prédécesseur à l'Elysée, Nicolas Sarkozy et potentiel rival pour 2017, était ministre de l'Intérieur.
droitière, emmenée par Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez, refuse le plan gouvernemental prévoyant de répartir les migrants quittant la "Jungle" dans des centres d'accueil provisoires un peu partout en France, alors que d'autres, comme la maire de Calais Natacha Bouchart (Les Républicains) privilégient la rapidité du démantèlement proprement dit.
Samedi déjà, François Hollande avait affirmé sa volonté de "démanteler Calais entièrement" et assuré que la France ne serait "pas un pays de campements", en visitant à Tours l'un des 164 centres d'accueil et d'orientation (CAO) ouverts pour accueillir les migrants évacués de Calais et de Paris.
L'Etat cherche à créer 9.000 nouvelles places en CAO d'ici la fin de l'année. Mercredi dernier, en déplacement à Calais, M. Sarkozy, candidat à la primaire de la droite pour l'élection présidentielle, avait surtout insisté sur "le rétablissement systématique des contrôles à toutes les frontières" du pays, pour que la France ne soit pas "submergée" par les migrants.
Il a également demandé aux Britanniques de "prendre leur part" dans la crise migratoire : "Ce n'est pas parce que le Royaume-Uni a pris une décision souveraine qu'il est dégagé de ses responsabilités par rapport à la France. J'allais dire, au contraire", faisant allusion au Brexit et aux accords bilatéraux du Touquet signés en 2003 qui situent la frontière britannique en France.
François Hollande a également défendu la décision du gouvernement de répartir les migrants dans des centres répartis dans toute la France. Quelque 164 de ces centres ont déjà été ouverts dans 80 départements et M. Hollande s'est rendu dans l'un d'entre eux à Tours samedi avant sa visite à Calais. "Nous aurons aussi à mener une politique d'éloignement des migrants en situation irrégulière et qui ne relèvent pas de l'asile", a-t-il rappelé.
Message aux passeurs
François Hollande a aussi tenu à exprimer "un message clair" à l'attention des passeurs. "Vous ne passerez plus. (...) Nous devons d'abord contre lutter contre les filières de la traite des êtres humains, qui est le pire commerce, le plus ignoble, qui remonte à loin et qui survit jusqu'ici pour exploiter les personnes en situation d'extrême vulnérabilité".Pas de visite dans la "Jungle"
C'est la première visite à Calais (Pas-de-Calais) du Président depuis le début de son quinquennat. François Hollande y est très attendu. Le chef de l'Etat doit rencontrer les forces de l'ordre, des élus, des chefs d'entreprise et des acteurs associatifs. Mais il n'a pas prévu de se rendre dans la "Jungle" où s'entassent entre 7 000 et 10 000 migrants.