Grande-Synthe : l'Etat s'apprête à sceller son engagement sur le camp de migrants

Les ministres de l'Intérieur et du Logement s'apprêtent à se rendre à Grande-Synthe pour sceller l'engagement de l'Etat à financer ce camp construit par MSF, après un long bras de fer entre le maire et les pouvoirs publics.

Lors d'un déplacement prévu a priori le 30 mai, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse devraient annoncer que l'Etat participera à la gestion de ce camp qui compte désormais moins d'un millier de migrants, a-t-on appris dans l'entourage des ministres.

Le maire écologiste de Grande-Synthe, Damien Carême, avait indiqué le 11 avril que l'Etat allait en financer le fonctionnement, pour un montant estimé à 4 millions d'euros par an. Ce financement devait concerner "le nettoyage des sanitaires, le gardiennage 24 heures sur 24, la médiation sociale et la sécurité", avait-il précisé. Le ministère de l'Intérieur avait alors indiqué qu'il était prématuré de parler de 4 millions, indiquant qu'une "analyse budgétaire fine" était "en cours".


Quels contours prendra cette étape supplémentaire dans l'engagement de l'Etat ?

Damien Carême a confié que l'Etat, la municipalité et l'Afeji (association nordiste luttant contre l'exclusion) étaient en négociations pour signer dans les prochains jours une "convention de gestion tripartite, adossée à une convention financière".

Dans les faits, la gestion du camp ne sera donc pas confiée à l'Etat directement mais à l'Afeji, présidée par le sénateur socialiste Michel Delebarre, sous la supervision de l'Etat et de la mairie, a précisé l'édile. "On est en train de sortir par le haut sur ce dossier. Depuis quelques semaines, il y a un état d'esprit serein et de bonne intelligence collective entre les associations, la mairie et l'Etat, et c'est une bonne chose", indique-t-on dans l'entourage du maire.


Moitié moins de migrants 

Du côté de MSF, on se félicite que les principes "de libre accès au camp et le fait qu'il reste un camp humanitaire et associatif ne sont pas remis en question", selon Hortense Devalière, coordinatrice du projet. "Ce camp avait pour objectif de passer de l'insalubrité à la salubrité. Aujourd'hui l'Etat doit néanmoins trouver des solutions à moyen et long terme concernant la prise en charge", ajoute-t-elle, notamment en matière d'information sur les voies légales permettant aux exilés qui le souhaitent de poursuivre leur périple vers la Grande-Bretagne.

A la mi-mars, le maire avait fait déménager les 1.500 migrants présents au Basroch, un camp insalubre de la ville, vers ce nouvel emplacement dit "de la Linière", construit par Médecins sans frontières (MSF) et la communauté urbaine de Dunkerque pour trois millions d'euros. Le dernier décompte officiel fait état de 727 migrants dans le camp, soit une réduction de moitié, selon Damien Carême.

Pour les migrants, essentiellement des Kurdes, ce déménagement marquait une amélioration incontestable des conditions de vie, puisqu'ils passaient de tentes précaires installées dans la boue d'un terrain inondable à de petits cabanons individuels et chauffés, dans une structure dont les promoteurs soulignaient qu'elle respectait les normes internationales en matière de camp de réfugiés.

Mais lors de l'ouverture, un bras de fer avait opposé le maire aux pouvoirs publics qui, contestant ce respect des normes, avaient mis en demeure Damien Carême de le sécuriser, notamment pour éviter tout accident en raison du voisinage immédiat d'une autoroute. "La priorité du gouvernement, c'est bien le démantèlement des bidonvilles", rappelait Bernard Cazeneuve avant l'ouverture, alors que non loin de Grande-Synthe, à Calais, plusieurs milliers de migrants continuent de s'entasser dans l'espoir de passer en Grande-Bretagne.

Le préfet du Nord, Michel Lalande, qui a rencontré Damien Carême le 12 mai, avait alors rappelé qu'à Grande Synthe la sécurisation concernait les installations, "au regard notamment de la lutte contre le risque incendie et contre les dangers liés à la proximité immédiate des infrastructures routières et ferroviaires". 
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