A Hamel, dans le Douaisis, une femme âgée de 62 ans a attendu 15 jours pour prévenir que son mari était décédé.
L'affaire jugée ce mardi par le tribunal de Douai et racontée par La Voix du Nord, est hors du commun. Comment une femme a-t-elle pu garder chez elle pendant 15 jours le corps de son compagnon ? Quel processus social et psychologique peut conduire à ce type de comportement ?
En août 2015, une femme de 62 ans vivant à Hamel est interpellée par les gendarmes. Elle vient de dire à une voisine que son compagnon, Xavier H., 40 ans, est mort depuis 15 jours et que le corps est resté chez elle. Dans sa maison. Deux semaines à vivre et dormir au côté de cet homme mort. Coupés du monde.
J’ai pas bougé. J’ai rien fait… non… rien.
Rapidement, aux enquêteurs, elle reconnait qu'après une dispute, elle a donné un coup de couteau à son compagnon, 15 jours plus tôt. Un coup dans le dos qui est toutefois sans gravité. C'est en tout cas ce que l'étude du corps révèlera. Ce n'est pas la cause de la mort de Xavier H. qui souffrait notamment d'insuffisance cardiaque.
#Hamel : elle dort pendant quinze jours à côté de son compagnon décédé https://t.co/wT5AHDJjR6 pic.twitter.com/Z7OOsr3Pvh
— VDNDouai (@VDNDouai) 27 avril 2017
Après la dispute, la sexagénaire dit être monté à l'étage. Quand elle est redescendue, son compagnon ne respirait plus. Mais elle ne prévient personne. « Qu’avez-vous fait ? », a demandé la juge lors de l'audience à laquelle La Voix du Nord a assisté. « J’ai pas bougé. J’ai rien fait… non… rien. Même maintenant, je ne sais pas pourquoi. » Une attitude incompréhensible, scandaleuse pour la famille du défunt : « Aucun respect du corps humain, aucun respect du cadavre ! », a affirmé leur avocat.
Six mois de prison avec sursis
Violence conjugales, alcool, misère sociale... Malgré les expertises psychologiques, les questions posées, les réponses restent vagues ou insuffisantes. La dépression de la prévenue, le contexte de violence conjugale habituelle, le sentiment de sidération ou d'abandon ont été évoqués mais il n'y aura pas de réponse précise. La sexagénaire a simplement expliqué à la psychologue qu’elle avait promis à Xavier H. de le garder chez elle s’il mourait.
Jugée pour violence avec arme et non-assistance à personne en danger, la femme de 62 ans a finalement été condamnée à six mois de prison avec sursis alors que le procureur avait requis dix-huit mois de prison, dont six avec sursis et mise à l’épreuve. Le tribunal a reconnu que la prévenue était atteinte d’un trouble psychique qui a pu altérer son jugement au moment de sfaits.