Jean-Michel Schryve, originaire d'Hazebrouck, amputé des 4 membres, a été greffé des deux mains en novembre à Lyon. Il témoigne.
"Je ne veux pas dépendre de quelqu'un. Je veux me débrouiller seul. C'est ma rage. Ma rage d'y arriver. C'est soit vivre ou soit survivre. Moi, j'ai décidé de vivre correctement. Et j'y suis presque arrivé. Quand mes mains vont fonctionner, j'aurai gagné mon pari". Celui qui parle ainsi, avec émotion et combativité, c'est Jean-Michel Schyve, 51 ans, originaire d'Hazebrouck. En novembre dernier, les chirurgiens de l'hopital Edouard Herriot et de la clinique du Parc à Lyon ont réussi une greffe bilatérale des avant-bras sur cet homme lourdement handicapé depuis 2010 (à cause d'une maladie du sang qui avait obligé les médecins à l'amputer des 4 membres).
Une opération exceptionnelle : il est le 8ème patient opéré à Lyon des deux mains. Il n'y a eu que 32 interventions de ce type dans le monde. Jean-Michel Schryve a attendu cette greffe pendant plus de trois ans. Hasard incroyable, il raconte avoir appris que deux greffons étaient compatibles au moment-même où il regardait le film "Réparer les vivants".
Des greffes qui posent question
En mars, Le Figaro avait révélé cette opération la semaine dernière sur fond de polémique, des concurrents parisiens de l'équipe lyonnaise s'interrogeant sur son cadre légal et son financement. Médecins lyonnais et parisiens attendent désormais le feu vert pour un protocole de recherche médico-économique (PRME), visant à "évaluer si économiquement et médicalement, on a un avantage à faire une transplantation de bras par rapport à l'utilisation de prothèses", explique le Pr Lionel Badet, responsable de l'activité chirurgicale de transplantation à Lyon."On attend l'avis de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) qui devrait tomber mi-mars et si c'est favorable, on doit pouvoir commencer dans les mois qui viennent." Une trentaine de personnes, dont 25 avec prothèse, seront concernées. Les nombreux autres patients en attente d'une greffe pourraient bénéficier d'un amendement à la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2017, permettant aux Agences régionales de santé, après avis d'un comité national, d'autoriser des greffes exceptionnelles. Mais le décret d'application n'a pas encore été voté.
"Les prothèses ont l'avantage de ne pas avoir de traitements immunosuppresseurs au long court, pas de problème de rejet, pas de complications, mais elles sont encore assez lourdes (...) et ne donnent pas encore la sensibilité des doigts", a souligné pour sa part le Pr Emmanuel Morelon, chef du service lyonnais.