Trois salariés d'une entreprise de métallurgie du Nord qui ont fait grève jeudi contre le projet de loi Travail ont reçu vendredi "une convocation à un entretien
préalable à licenciement éventuel pour faute grave".
"Nous envisageons de procéder à votre licenciement pour faute grave (...). Alors que notre entreprise se trouve en grand danger de survie (...), nous sommes confrontés à une absence inopinée de votre part qui désorganise [la] production", peut-on lire dans ces trois lettres reçues, dont l'AFP a eu copie. "Ces salariés n'ont pas demandé la permission de faire grève (...). S'ils en avaient fait la demande, je n'aurais jamais envoyé cette lettre", a affirmé à l'AFP François Segard, PDG de "Fonderies du Nord", située à Hazebrouck (Nord), où une trentaine de salariés fabriquent des pièces en acier inoxydable depuis 1963.
"C'est faux ! Ces trois personnes ont clairement prévenu la direction une semaine avant", a indiqué David Waegemacker, responsable communication de l'union locale CGT d'Armentières qui précise par ailleurs que dans le privé, en dehors des entreprises de transport, les salariés n'ont pas l'obligation de prévenir à l'avance la direction de leur volonté de faire grève. "Quand j'ai appris cette nouvelle, je pensais que c'était une blague, je me suis dit +c'est le 1er avril+", a-t-il ajouté, précisant que seuls ces trois salariés avaient fait grève dans l'entreprise.
Convoqués le 8 avril
Cet argument de la permission avancé par la direction semble par ailleurs contradictoire avec le contenu de la lettre où il est écrit : "Vous nous indiquez devoir vous rendre à une grève et vous nous donnez comme justificatif le document joint" qui était un tract de la CGT. La direction de l'entreprise écrit également n'avoir eu "connaissance d'aucun avis de grève ni au plan national", "ni au niveau de la branche professionnelle", ni d'"aucune grève interne à notre entreprise", corroborant l'argument d'une notification en amont de la part des trois salariés."Et de fait, s'il y a des mouvements sociaux ce jour, aucun ne permet en réalité aux salariés de notre entreprise, comme vous, de se soustraire à la nécessite vitale d'accomplir les commandes", est-il encore écrit dans cette lettre signée par M. Segard. Les trois salariés sont convoqués le 8 avril "en vue d'un entretien préalable".