Le soldat français est de toutes les armées le soldat le mieux nourri ! C'est le ministère de la guerre qui le dit. 500 grammes de viande. Voilà la ration promise chaque jour au Poilu. Les bœufs sont condamnés. Tout au long de la guerre, les boucheries militaires ne vont pas chômer.
Dans son livre « Voyage au bout de la nuit », le cavalier Louis-Ferdinand Céline décrit un abattage en août 14. Les toiles de tente sont étendues sur l’herbe. Il y a du sang partout. Moutons éventrés, tripes étalées. Un bœuf sectionné est pendu à un arbre. Les bouchers s’escriment en jurant, les escouades se disputent graisse et rognon. C’est encore la guerre de mouvement. Les troupeaux suivent les armées, épuisés. Quand les Français reculent, nombre de bêtes tombent aux mains des Allemands.
Avec la guerre de tranchée, le système est rationnalisé. Un manuel décrit le bœuf idéal. « L'animal a l'oeil éveillé et brillant, le mufle frais et couvert de rosée » La laine du mouton est « douce, onctueuse » Le cochon a la « queue en tire-bouchon » De la théorie à la pratique, il y a loin. La France est saignée à blanc, des troupeaux sont importés d’Amérique. Ces bêtes stressées perdent des dizaines de kilos en route. Abattues à l’arrière, elles sont transportées au plus vite, en bus, pour que la viande ne se gâte pas.
L’Angleterre s’est déjà convertie à la viande congelée, plus pratique. Les Français s’y mettent aussi. Le corned-beef investit leur musette. Les Poilus en ont assez, ils réclament des légumes frais. Mais la guerre fera d’eux des mangeurs de viande.
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