Ypres, dans les Flandres belges. Par deux fois, en 1915 et en 1917, ce secteur sera le théâtre des premières attaques au gaz de chlore puis au gaz moutarde. Le père de ces sinistres inventions, un savant allemand, Fritz Haber, un chercheur pour le meilleur et pour le pire.
Fritz Haber est issu de la petite bourgeoisie d’origine juive. A la veille de la guerre, c’est un chimiste réputé et ambitieux. A cette époque, les savants veulent à tout prix éviter une catastrophe alimentaire mondiale. Fritz Haber réalise la synthèse de l’ammoniac, première étape dans la fabrication d’engrais azotés. Ce procédé chimique et industriel permet de fertiliser les sols. Quand le conflit éclate, ce patriote acharné veut doter son pays de l’arme de la victoire.
Fritz Haber se propose d’effectuer des recherches sur le gaz de combat et cela malgré Les conventions internationales de La Haye qui interdisent leur usage. En avril 1915, lors de la 2ème bataille d’Ypres, il vient en personne surveiller l’installation des réservoirs de gaz qu’il a mis au point. A son retour, son épouse, chimiste, elle aussi lui demande d’arrêter ses recherches contraires aux idéaux scientifiques. Il refuse et lui répond : » un savant appartient au monde en temps de paix, à son pays, en temps de guerre. « Elle se suicide quelques jours après.
Obstiné, Fritz Haber met au point de nouvelles armes chimiques tristement efficaces comme le gaz moutarde appelé également ypérite. A la fin du conflit, il figure sur la liste des dignitaires allemands accusés de crimes de guerre. Mais en 1919, pour ses travaux sur les engrais chimiques, il reçoit le prix Nobel de Chimie sous les huées du public. Il meurt en 1934, en Suisse où il s’était exilé en raison de ses origines juives.
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