Alors que les cérémonies commémoratives la Bataille de la Somme touchent à leur fin, notre journaliste Jean-Paul Delance a décidé de rendre hommage aux soldats tombés au front, dans un poème inspiré.
Officiellement, c'est le 18 Novembre 1916 que prend fin la Bataille de la Somme.
Déclenchée le 1er Juillet précédent, elle s'inscrit désormais dans l'Histoire comme étant la plus sanglante de toute la guerre.
Stratégiquement, le front ne recule que de quelques kilomètres arrachés à l'ennemi au prix du sacrifice de plus d'un million d'hommes.
Les Allemands payent le plus lourd tribut avec presque 450000 victimes. Viennent ensuite les Britanniques (420000) puis les Français (200000)
La Bataille de la Somme se distingue par son ampleur exceptionnelle. C'est ici que la guerre devient véritablement mondiale. De part et d'autre du fleuve, Australiens, Sénégalais, Canadiens ou Marocains montent à l'assaut, répondant aux appels des anciens empires coloniaux.
L’autre aspect singulier concerne l'incroyable déferlement technologique déployé tout au long des 141 jours de combats.
Pour la première fois les canons de tous calibres se comptent par milliers. Alignés sur plus de 40 kilomètres, ils tirent des millions d'obus.
Le 15 septembre, c’est un matériel de guerre d’un genre nouveau qui apparait sur la zone de combats : le char d’assaut ou tank pour les Anglais qui en sont les concepteurs. Lourds et peu maniables, ils ne cesseront de s'améliorer, au point de devenir une arme capitale pour la Victoire des Alliés en 1918.
Reste une énigme pour les passionnés d'Histoire, dont je suis.
Offensive Franco-Britannique dès sa conception fin 1915, elle n'est que rarement abordée dans les manuels scolaires français qui lui préfèrent celle de Verdun.
Pour les Anglais, elle reste le traumatisme le plus important de la Nation mais les Français n'ont pas démérité.
Un décompte macabre démontre qu'ici, notre armée a perdu plus d'hommes par jour de combat que dans la Meuse et presqu’autant qu’au Chemin des Dames l’année suivante.
C'est ce triste constat qui a inspiré ma plume pour écrire ce "poème" aux poilus oubliés de la Somme.
EN SOUVENIR DE NOUS, OUBLIES DE LA SOMME
Imaginez nos corps ainsi que nos visages
Vous les verrez sanglant, transpercés mille fois
Brûlés et crevassés, vous resterez sans voix
Forcés à nous pleurer et briser votre rage
Les Morts sont sans mémoire mais les vivants aussi
Les Poilus de la Somme sont toujours sacrifiés
Verdun a les Honneurs de la postérité
Quand Nous, sommes si seuls, légionnaires ou Spahis
De quel droit nous a-t-on ainsi abandonné?
Nous n'avons pas failli, supportant les souffrances
Plus qu'ailleurs en ces lieux avons servi la France
Soldats d'une Bataille qu'on peine à mentionner
Sous un large soleil d'été, de l'aube au soir
Sans relâche à l'assaut, sommes partis confiant
Aveuglés par l'espoir de revenir vivant
N'avons pas pris le temps de nous dire au revoir
Cent quarante et un jours et tout autant de nuits
Ont fait de Nous, Humains, d'effrayantes carcasses
Avec pour seule compagne la Mort et ses grimaces
Alors que nous rêvions de Femmes avec envie
A l'égal de vous, nous adorions la Vie
Ses joies et sa musique, ses fleurs et ses aurores
Dans le fracas des armes a triomphé la Mort
Allongés sous nos croix, pour Nous tout est fini
Désormais plus de Ciel, plus d'étoiles, plus de rires
Nous avons engraissé la terre où nous dormons
Tous les cris se sont tus, même ceux du canon
Pour votre Liberté, il nous fallut mourir
Ne soyez pas ingrats et pensez bien à Nous
Sur ce sol bossué par tant de chair humaine
Baigné par notre sang, vous nous voyez à peine
Songez qu'il y a un siècle, on s'est battu pour vous
Cent quarante et un jours et tout autant de nuits
Ont mutilé les terres et rendu fous les Hommes
Nous vous le demandons, Nous Français de la Somme
Dites encore cette Histoire pour que nul ne l'oublie
Jean-Paul DELANCE
18 NOVEMBRE 2016