Selon l'AFP, 10 policiers auraient été entendus dans le cadre de l'affaire Carlton.
Dès les prémices de l'affaire du Carlton de Lille, début octobre 2011, de forts soupçons pesaient sur la police locale. Sept semaines plus tard, mercredi 23 novembre, huit personnes ont été mises en examen et trois hauts responsables de la police placés en garde à vue.
Certains de ces policiers jouent un rôle central dans l'affaire ; d'autres semblent être de simples victimes collatérales. Voici leurs portraits et leur degré d'implication dans ce scandale, qui risque de ternir durablement l'image de la police lilloise.
Jean-Christophe Lagarde, commissaire divisionnaire
C'est le policier le plus exposé dans cette affaire. L'ex-chef de la sûreté départementale du Nord, âgé de 47 ans, a été le premier à être placé en garde à vue puis mis en examen le 21 octobre pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et "recel d'abus de biens sociaux".
Après des débuts à la brigade des stupéfiants de Paris puis de Lyon, il est arrivé à Lille en 2006, il était très apprécié de ses troupes pour sa capacité à "mouiller le maillot".
Laissé en liberté sous contrôle judiciaire, suspendu de ses fonctions, ce proche de Dominique Strauss-Kahn clame qu'il n'a commis "aucune infraction pénale" et dénonce "une atteinte portée à son honneur". Il est pourtant soupçonné d'avoir engagé des prostituées pour participer à des soirées libertines, notamment avec DSK Il a approché d'autres commissaires de la région pour les convaincre de s'engager politiquement avec DSK.
Jean-Claude Menault, ancien directeur de la sécurité publique du Nord
"J'ai été piégé dans cette affaire." L'ex-patron de la police du Nord se présente comme une victime du scandale du Carlton. Arrivé à son poste en 2008, il ne se serait pas fait que des amis dans le département du fait d'un caractère parfois "assez cassant et blessant", comme le décrit La Voix du Nord.
Mais ce serait surtout son appétit pour les amitiés politiques qui l'aurait entraîné dans l'affaire. Fin 2010, il a en effet participé à un "voyage d'affaires" à Washington, raconté par Le Monde. En compagnie de Jean-Christophe Lagarde, d'un chef d'entreprise lillois et de deux jeunes femmes (en fait des prostituées), il croyait venir parler de la sécurité personnelle de DSK, en vue de la campagne présidentielle. Il s'agissait en fait d'organiser une soirée libertine tarifée, à laquelle il assure ne pas avoir participé.
Placé en garde à vue le 27 octobre, il est ressorti libre. Mais il n'a pas échappé à une mutation forcée décidée par le ministre de l'Intérieur. Il devrait, selon son entourage, prendre sa retraite très bientôt.
Capitaine Denis Gumez, ancien chef de la brigade des mœurs de Lille
C'est ici le lien avec la franc-maçonnerie locale qui intéresse l'Inspection générale des services. Denis Gumez a ainsi été placé en garde à vue mercredi 23 novembre pour les liens qu'il entretient avec René Kojfer, le directeur des relations publiques de l'hôtel Carlton, mis en examen pour proxénétisme et toujours en détention. Sa garde à vue pourrait se prolonger jusqu'à vendredi matin.
Les deux hommes faisaient partie de la même loge maçonnique, Kojfer y étant même le "parrain" de Gumez. Les enquêteurs s'intéressent également à ses liens avec le proxénète Dominique Alderweireld, dit "Dodo la saumure".
Denis Gumez, qui a envie de faire carrière, sait que la Franc-maçonnerie est un tremplin dans la police. Il a pu y entrer sans savoir exactement ce qu'on allait lui demander. S'est-il fait manipuler ? A-t-il ensuite accepté de donner des coups de main au réseau présumé en échange d'un grade supérieur.
Le commissaire Lagarde l'a recruté dans son service en août dernier.
Au moins 3 autres policiers auraient été des clients du réseau. Selon l'AFP, en tout 10 policiers auraient été entendus dans cette affaire. La plupart en qualité de témoin. Outre d'être en poste à Lille, majoritairement à la sécurité publique, "le point commun" de ces dix policiers est d'appartenir à la même loge maçonnique, ce qui "pourrait être un axe d'enquête".
Parmi les autres personnes citées dans le dossier, figurent également un ancien policier, aujourd'hui détective privé. Ancien de la Police Judiciaire de Lille (il était responsable de la brigade de lutte contre le proxénétisme), a gardé des liens avec ses anciens collègues. Il était présent aux côtes de Réné Kojfer, le jour de son interpellation, début octobre.
Il a également été président de la mutuelle du ministère de l'intérieur.
On ignore son rôle exact dans l'affaire mais il est lié à de nombreux acteurs du dossier, qu'il côtoyait dans les loges maçonniques (il était n°2 de la loge du Grand Orient de la Rue Thiers et fait désormais partie d'une loge à Douai). Il pourrait aussi être à l'origine de l'affaire Carlton.
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