"Jungle" de Calais : que va-t-il se passer après le démantèlement ?

Les associations d'aide aux migrants, reçues par François Hollande en déplacement lundi à Calais, s'interrogent sur la suite du démantèlement de la "Jungle" et notamment sur l'avenir du centre en dur ouvert par les pouvoirs publics.

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Les autorités n'ont jusqu'à présent pas officiellement communiqué sur le devenir du centre d'accueil provisoire (CAP), proposant depuis janvier 2016 quelque 1500 places dans des conteneurs chauffés au sein du plus grand bidonville de France où s'entassent entre 7 000 et 10 000 réfugiés. Les associations redoutent que sa fermeture ne "disperse" les migrants désirant rejoindre coûte que coûte la Grande-Bretagne.

"Le CAP sera ouvert jusqu'à la fin du démantèlement, mais pour l'après, cela reste flou", indique à l'AFP Guillaume Alexandre, directeur de la Vie Active qui gèrele  camp en dur et le centre de jour Jules Ferry. A l'inverse, après leur entrevue avec le président de la République lundi matin, les associations pensent que le démantèlement sera "total", incluant le CAP.  

Evacuation complète


"C'est l'évacuation complète, c'est-à-dire la fin de Jules Ferry, la fin du Centre d'Accueil Provisoire et la fin du campement dans la jungle", a rapporté ensuite le président de la région Hauts de France, Xavier Bertrand, après une réunion à huis clos avec François Hollande. "J'ai posé clairement la question pour qu'il n'y ait aucune ambiguité et il m'a bien confirmé que ce serait l'ensemble des sites qui serait clairement démantelé", a précisé M. Bertrand.

François Hollande a en effet tenu à rencontrer les associations qui oeuvrent au quotidien avec les réfugiés. Qu'ont-elles pensé de cet entretien ? Voici quelques réactions au micro de nos journaliste Jean-Louis Manand et Jean-Marc Vasco.

Zone tampon

De source proche du dossier, on confirme que ce camp en dur "a vocation à être démantelé à terme, c'est un centre d'accueil provisoire". Mais "il est probable qu'on en ait besoin dans les semaines à venir" car il "pourrait être utilisé comme zone tampon". "Le gouvernement a la volonté clairement affichée de démanteler tous les camps, dont le CAP", selon le président de l'Auberge des migrants, Christian Salomé, pour qui cette décision "logique" serait néanmoins "préjudiciable pour l'avenir des réfugiés".

Supprimer des capacités d'hébergement à Calais, sous l'égide de l'Etat, reviendrait selon lui à "empirer" la situation des migrants qui devront "davantage se cacher: dans les jardins publics, sur la plage, etc. Comme ce qu'on a connu après le démantèlement du camp de Sangatte en 2002". La seule solution
pour M. Salomé, "c'est d'ouvrir la frontière avec la Grande-Bretagne, donc abroger les accords du Touquet". Il affirme que dans la "Jungle", les migrants s'inquiètent de leur avenir. La tensions est palpable.
Pour les mineurs isolés étrangers, la réunion avec le Président a permis de "réaffirmer la volonté d'un traitement spécifique", notamment en faisant jouer le mécanisme de réunion familiale vis-à-vis de la Grande-Bretagne, a-t-on ajouté de source proche du dossier. "Le président est sur une politique ambitieuse, qui consiste à envoyer des gens en Centre d'accueil et d'orientation (CAO). Mais quid de ceux qui refuseront d'y aller ? Si 2.000 personnes fuient le démantèlement, que se passe-t-il? On n'a pas envie de voir ressurgir des mini-campements dans le Calaisis", prévient Franck Esnée, chef de mission MSF à Calais.

Lors de cette réunion, en présence des ministres du Logement Emmanuelle Cosse, et de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, il a été convenu qu'une mission serait désignée "comprenant l'association Acted" - déjà associée au démantèlement de la zone sud -, notamment pour travailler avec les services de la PAF sur un diagnostic partagé (comptage et besoins des migrants). 
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