Le tribunal administratif de Lille a validé mardi le principe d'un démantèlement rapide de la "Jungle" de Calais, rejetant le recours formé par 11 associations qui critiquaient les modalités soutenues par le gouvernement.
Dans son ordonnance que l'AFP s'est procurée, le tribunal saisi jeudi soir en référé-liberté estime ainsi que "le principe même du démantèlement du site de la Lande de Calais ne méconnaît pas le principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants. Il vise, au contraire, notamment, à faire cesser de tels traitements".
D'après la justice, le démantèlement vise précisément à "faire cesser" de tels traitements auxquels sont soumis les migrants qui vivent dans le camp "dans des conditions de précarité et d'insécurité dénoncées par tous". Les avocats des associations n'étaient pas joignables dans l'immédiat pour commenter
cette décision et indiquer s'ils entendaient faire appel.
"Démantèlement dans les meilleurs délais"
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, dans un communiqué, a estimé de son côté que celle-ci "confortait le gouvernement dans sa démarche humanitaire et sa détermination à engager le démantèlement du campement de la Lande dans les meilleurs délais". Concernant les Centres d'accueil et d'orientation (CAO) vers lesquels vont être dirigés les migrants de la "Jungle", le tribunal juge que l'État "n'a pas sous-estimé le nombre de migrants devant (y) être logés". Les associations avaient exprimé leur scepticisme sur ce dispositif, dénonçant par exemple un manque d'interprètes et des "disparités de suivi" des migrants.Vendredi, lors de l'audience, les représentants des associations avaient également réclamé "un diagnostic plus poussé des besoins, des risques de l'évacuation", certains évoquant "une catastrophe" en cas de démantèlement "dans les conditions actuelles".
Sur le dossier crucial des mineurs isolés, le tribunal souligne par ailleurs que la préfecture s'engage sur "un accompagnement spécifique (...) pour assurer leur mise à l'abri immédiate". Sur la question de l'atteinte au droit à la vie privée et familiale, le tribunal considère en outre que la "mesure d'évacuation envisagée ne porte pas (...) une atteinte disproportionnée au regard des objectifs qu'elle poursuit".
Le Défenseur des droits Jacques Toubon a évoqué mardi la date du 24 octobre pour le démantèlement du plus grand bidonville de France, alors que les autorités n'ont, elles, pas donné officiellement de date.