"N'a pas de cerveau", "client alcoolique", "de confession juive" : la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a mis en demeure jeudi la société Boulanger de ne plus enregistrer dans ses fichiers "des commentaires excessifs" sur ses clients.
Alertée par une plainte, la CNIL a effectué en février un contrôle dans un des magasins de la société spécialisée dans l'électroménager et le multimédia, ainsi que des constatations en ligne sur le site internet de l'enseigne.
Boulanger a mis à disposition de son réseau un outil informatique permettant de gérer la facturation et aux salariés d'ajouter des commentaires sur les fiches des clients. Les vérifications de ce fichier "ont permis de relever plusieurs manquements à la loi informatique et liberté", écrit la CNIL dans un communiqué.
Insultes
Les enquêteurs ont notamment relevé pas moins de 5.828 commentaires sur des clients qualifiés de "non-pertinents" comme : "Client chiant, très con, n'a pas de cerveau, grosse connasse qui se croit tout permis, casse-couilles, folle, fort accent africain, de confession juive, problème cardiaque ou alcoolique"...Sur le site internet, la CNIL a par ailleurs relevé le dépôt de cookies (fichiers informatiques de traçage) à finalité publicitaire dès l'arrivée sur la page d'accueil, ainsi que la conservation des données enregistrées dans certains de ces cookies pendant des durées pouvant aller jusqu'à 15 ans. "Si le recours à l'utilisation de zones de commentaires libres n'est pas interdit dans la mesure où il permet le suivi des dossiers clients, les informations renseignées doivent être objectives et en relation avec la prestation commerciale", rappelle le gendarme français de l'informatique.
"Elles doivent surtout ne pas porter atteinte à l'image de la personne", souligne la CNIL pour qui il revient à l'entreprise de "prendre toutes les mesures pour que ses salariés respectent effectivement ces règles".
Concernant les cookies, la CNIL relève "un manquement à l'obligation d'informer et d'obtenir l'accord préalable des personnes concernées".
3 mois pour se mettre en règle
La CNIL précise cependant que sa mise en demeure a une valeur d'exemple et qu'aucune suite ne sera donnée si la société se conforme à la loi dans un délai de trois mois. Dans le cas contraire, une autre procédure sera lancée qui pourra elle aboutir à une sanction.Implantée à Fretin, dans le Nord, la société Boulanger gère des magasins partout en France et emploie 8.000 personnes.