Les voisins de la Belgique s'inquiètent de son parc nucléaire vieillissant

Les voisins de la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne ou le Luxembourg, sont de plus en plus préoccupés par les réacteurs nucléaires belges. Certains viennent péniblement de redémarrer malgré la découverte de fissures dans leurs cuves.

A Nieuw-Namen, petite ville néerlandaise située sur la frontière belge, les tours de refroidissement fumantes de la centrale de Doel (nord de la Belgique), à 10 km de là, font partie du paysage. "Ce qui m'inquiète, c'est que les réacteurs sont trop vieux", confie Filip van Vlierberge, boucher à Nieuw-Namen. "Je suis content que les Pays-Bas, l'Allemagne et le Luxembourg réagissent, car les autorités (belges) ne nous écoutent pas sinon".

Le gouvernement belge a récemment prolongé de dix ans la durée de vie de trois réacteurs quadragénaires : deux à Doel, le troisième à Tihange (sud-est). Cette décision a été vivement critiquée par des responsables régionaux écologistes en Allemagne et des députés européens. Une série d'incidents en décembre est venue alimenter les craintes. A tel point que la ministre fédérale allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks, a écrit la semaine dernière à l'AFCN pour demander des éclaircissements sur les cuves fissurées. 

Lundi, le ministre belge de l'Intérieur belge Jan Jambon reçoit la ministre luxembourgeoise de l'Environnement, qui a exprimé ses "préoccupations sur les déficiences constatées dans la centrale nucléaire de Tihange". Mercredi, Jan Jambon effectuera une inspection de la centrale de Doel avec la ministre néerlandaise de l'Environnement, une première. 

Pastilles d'iode 

Electrabel et l'AFCN rappellent que les incidents de fin décembre ont affecté les parties non nucléaires de chacun des réacteurs et qu'ils se sont produits en phase de démarrage, après des arrêts de longue durée, ce qui en fait toujours des "opérations sensibles". "C'est une perception erronée de dire qu'il y a plus d'incidents aujourd'hui que par le passé, il y en a plutôt moins que les années précédentes", assure Florence Coppenolle, directrice de la communication d'Electrabel.

Le problème, aux yeux de Greenpeace, est que ces fissures sont apparues dans "l'une des parties les plus vulnérables" de la centrale. "Si le coeur du réacteur a un problème, on a un accident du genre Tchernobyl ou Fukushima", prévient un membre de Greenpeace. Sauf qu'en cas de telle catastrophe, les conséquences sur la population seraient bien plus élevées dans un pays aussi densément peuplé que la Belgique.

Vendredi, le conseil scientifique de l'AFCN a préconisé, pour la première fois, que les autorités distribuent à l'ensemble de la population belge des comprimés d'iode à ingérer en cas de fuite radioactive. Maastricht, à 40km de Tihange, et Aix-La-Chapelle, à 60km, envisagent des actions en justice contre la Belgique pour qu'elle améliore la sécurité de ses centrales nucléaires, voire même qu'elle les ferme.

Chez Electrabel, Florence Coppenolle fait valoir que "les Néerlandais ont prolongé de 20 ans leur réacteur nucléaire à la frontière belge". "Quant aux Allemands qui brûlent allègrement du charbon et du lignite, ils ont 9 réacteurs en activité jusque 2022".
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