La compagnie maritime danoise, leader sur les trajets entre la France et l'Angleterre, a fait part de ses objectifs pour "décarbonner" la Manche. Alors que le secteur du transport maritime est un des plus polluants au monde.
“C’est maintenant qu’il faut bouger, pour les 20-30 prochaines années”, le constat, cinglant, est signé Torben Carlsen, le directeur général de la compagnie maritime danoise DFDS. “Il faut décarboner la Manche” insiste-t-il. Et pour cause, les six navires du leader des liaisons entre la France et l’Angleterre émettent 10% des émissions carbone du secteur. Plus encore, le transport maritime représente environ 3% des émissions de carbone dans le monde. Et c’est un marché en pleine expansion, notamment pour le fret.
C’est ce constat qui pousse DFDS à s’adapter. Pour réduire, voire supprimer, ses émissions de CO2, l’entreprise mise sur l’électrique. “On le sait depuis longtemps. Les navires électriques seraient efficaces sur les liaisons Transmanche” rappelle Torben Carlsen. Mais pour cela, il faudrait que les ports soient équipés de bornes électriques pour recharger les bateaux. “C’est la responsabilité des ports, des acteurs locaux. Il faut investir, massivement, dans ce type d’équipement. Grâce à cela nous pourrions avoir des navires électriques d’ici 5 à 7 ans” insiste le patron de DFDS.
C’est donc tout l’enjeu du séminaire qui réunissait, ce mercredi 15 mars, le patron de DFDS mais aussi les présidents des ports de Dunkerque, Calais-Boulogne et Douvres. Il faut travailler "main dans la main" afin de réduire considérablement les émissions de CO2 dans la Manche.
Car l’entreprise scrute l’évolution du secteur, notamment les décisions politiques en matière de production électrique. Et pour DFDS, la région Hauts-de-France possède plusieurs atouts : la centrale électrique de Gravelines, l’arrivée de l’entreprise Verkor à Bourbourg, spécialisée dans la production de batteries électriques et enfin les futures éoliennes construites au large de Dunkerque. De quoi garantir une source d’électricité et des réserves sur le long terme pour le géant du transport maritime. “C’est tout l’enjeu : réussir à produire plus d’électricité verte et surtout acheminer cette énergie jusqu’aux ports, via des câbles” rappelle Torben Carlsen.
Le "tout-électrique", impossible à plus grande échelle
Pour autant, s’il est possible de passer au “tout électrique” sur les petits trajets, la mission s’annonce plus corsée pour les trajets de fret, les plus longs. En effet, les batteries électriques seraient trop faibles en autonomie. “La technologie existe, c’est l’électrolyse. Mais ce n’est pas efficace à plus grande échelle. Nous n’avons pas trouvé de solutions” avoue le patron de DFDS.
Alors, l'entreprise envisage d’autres alternatives : “Changer les propulseurs des bateaux, la peinture, réduire la vitesse… tous ces petits détails permettraient de faire baisser notre empreinte carbone”. L'entreprise, leader sur les liaisons transmanche, est donc face à un défi : pérenniser son activité en garantissant des trajets "propres". Une décision qui intervient alors que le branchement électrique des navires stationnés à quai sera rendu obligatoire dans l’UE dès 2025.