Des centaines d'agriculteurs ont procédé lundi soir à des actions "feux de la colère", incendiant palettes, bottes de paille et souches, afin d'exprimer le "malaise" du monde agricole, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs.
Les agriculteurs du Pas-de-Calais ont allumé plusieurs "feux de colère" hier soir dans huit grandes villes du département pour protester contre les zones de non-traitement (ZNT), qui interdisent l'utilisation des pesticides à proximité des habitations. Des bandes de cinq à 10 mètres près des riverains que les agriculteurs ne pourront plus traiter.
Une consultation publique sur la question s'ouvre aujourd'hui jusqu'au 1er octobre, dans laquelle les agriculteurs se sentent minoritaires. Ces ZNT devraient être appliquées au 1er janvier 2020.
"Ces feux, c'est pour se faire voir et se faire entendre. La profession n'a pas été consultée. C'est tombé d'un coup", explique Nicolas Daussy, animateur FDSEA du Pas-de-Calais. "Il y a des produits qui ont une odeur, ce n'est pas en imposant 3 mètres que ça va changer grand chose. Et en plus ça nous crée des problèmes. Le gouvernement se sent obligé de bouger, mais pour nous ce n'est pas la solution."
"Nous avons plein de questions : que doit-on y faire dans ces ZNT ? Est-ce qu'on doit y faire 3 ou 5 mètres bio avec des rendements moindres, ou est-ce qu'on y mettre de l'herbe ? Va-t-on être indemnisé pour cette perte de rendement ? (...) "Ces distances s'appliquent à partir des habitations. Mais on ne sait pas si c'est à partir d'une maison ou d'un jardin. Par exemple, si une maison a un grand jardin, il faudra quand même instaurer une distance de 5 à 10 mètres à partir de la clôture de la maison. C'est en dépit du bon sens. Les agriculteurs ont conscience qu'il faut agir en faveur de l'environnement et des citoyens. 95% des agriculteurs produisent de manière raisonnée. Quand bien même nous n'avons pas le soutien des citoyens, c'est regrettable."
Cela fait plusieurs années que la FDSEA travaille sur une charte pour limiter le danger des pesticides. On propose des solutions comme diluer davantage le produit, alterner davantage les cultures pour limiter la prolifération des ordures. Des éléments techniques qui vont aussi bien dans le sens des agriculteurs que du gouvernement. Mais les préfets et les maires n'ont pas voulu signer cette charte tant qu'aucune décision n'avait été prise par l'Etat."
Plus de "feux de colère" à l'avenir, mais des actions chaque semaine, au moins jusqu'au 1er janvier 2020. Fin de semaine, les agriculteurs devraient bloquer des stations d'épuration.
Dans le Pas-de-Calais, à Coquelles, à l' approche du tunnel sous la Manche, environ 70 agriculteurs locaux avaient allumé un feu en plein champ et positionné une vingtaine de tracteurs autour d'un rond-point, sans bloquer les accès.