Des obus, des grenades et même des armes chimiques. Les agriculteurs de Maurepas, un village rasé pendant la Grande Guerre, ont l'habitude de déterrer des explosifs en état de marche.
"C'est notre quotidien", résume le maire, Bruno Fossé. Le village de Maurepas a lourdement souffert pendant la bataille de la Somme : bombardé pendant cinquante jours pour en déloger les Allemands, il n'en restait plus rien à l'issue de la guerre.
Très franchement, on vit avec ça
Plus rien... exceptés les innombrables obus restés sous terre et que les agriculteurs continuent à déterrer un siècle plus tard.
"On les trouve, on les ramasse, on les empile et on les signale aux démineurs" explique-t-il. "Très franchement, on vit avec ça. J'ai 57 ans et depuis mon enfance je connais ça".
Du gaz chimique
Deux fois par an, les démineurs viennent emporter ce qui a été amassé. La dernière récolte, fin juin, pesait près de deux tonnes et la prochaine dans deux mois devrait être toute aussi grosse.
Dans les champs, on trouve "tous les obus possibles et imaginables" jusqu'à 300 kg, des grenades et même... des obus remplis de gaz chimique. Ces obus-là ne sont pas détruits par les démineurs, mais confinés.
Accidents et pollution
Avoir des champs minés n'est évidemment pas sans conséquences. Bruno Fossé se souvient d'un accident, il y a deux ans : "Un obus a explosé dans une machine. Elle a eu les trois roues perforées, le conducteur a été abasourdi et la pièce de la machine qui l'avait heurté a volé à 85 mètres."
Et puis il y a d'autres dégâts, plus difficiles à évaluer. Démarché il y a longtemps pour l'installation un terrain d'épandage de boues, il a appris après une analyse que ses sols présentaient un "taux de nickel supérieur à la norme européenne."
Une contamination qui n'empêche pourtant pas les terrains d'être cultivés. "Aucune réglementation ne demande un sol sans métaux lourds, mais ça changera peut-être un jour..."