Entre Lille et le Calaisis, ces citoyens accueillent le temps d'un week-end des migrants, leur offrant le gîte et le couvert. Sans être des militants de la première heure, ils s'organisent depuis le début de l'année pour leur offrir deux jours et deux nuits loin du froid.
Un week-end avec un toit sur la tête, hors de Calais. Depuis le début de l'année, c'est ce que propose aux migrants un réseau de solidarité citoyen, Migr'action. Le temps de deux jours et deux nuits, ces particuliers, qui organisent le transport et l'hébergement, offrent le gîte et le couvert dans un élan de solidarité. Le dimanche, un instant de convivialité entre hébergeurs et hébergés est aussi organisé.
Ce week-end, 48 personnes ont ainsi pu passer le week-end au chaud. Rendez-vous est donné sur un parking de supermarché à Calais, où les migrants - souvent des jeunes hommes, originaires de Somalie, d'Ethiopie ou d'Erythrée - sont répartis vers les différents foyers qui les accueilleront dans la métropole lilloise. Ils y sont conduits par des chauffeurs bénévoles.
"Les sortir de ça"
Stéphanie Campagnie, l'une d'entre eux, n'est pas une militante de longue date. La prise de conscience qui a mené à son engagement est récente. "Ce qui m'a décidée, se rappelle-t-elle, c'est le jour où j'ai appris qu'on lacérait des duvets et des tentes à Calais." A bord de sa voiture, elle conduit à Lille deux jeunes Somaliens, arrivés dans la région il y a 6 mois après un passage par la Libye et l'Italie.
Les adolescents - ils ont 16 et 18 ans -, passeront le week-end chez Jérémy et Amandine. Le couple leur offre un toit, le repas, et une connexion Internet pour contacter proches et famille. "On ne leur pose pas trop de questions, souligne Amandine, qui héberge des migrants pour la troisième fois. L'idée, c'est un peu de les sortir de ça. On n'est pas là pour être intrusifs non plus." Une générosité dont les bénéficiaires mesurent la valeur. "C'est bien de pouvoir se reposer, dormir prendre une douche, laver nos vêtements, affirme Barak. Ça fait du bien. Je remercie vraiment cette famille."
Une initiative légale
L'initiative, à laquelle participeraient près de 150 membres, s'organise via les réseaux sociaux. "Les gens ignorent que le délit de solidarité a été dépénalisé depuis 2012, assure Sophie Djigo, fondatrice du réseau d'hébergement citoyen Migr'action. Le transport des réfugiés dans les maisons pour des prestations de restauration et d'hébergement est absolument légal. Ce qui est illégal, c'est de les aider à passer les frontières."
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Un groupement similaire a vu le jour à Bruxelles en 2014. Comme à Lille, la "plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés" ne se veut ni militante ni politisée. Elle assure vouloir rappeler que "rappelle que le droit de vivre dans la dignité appartient à tou.te.s".