Deux journalistes ont déposé un recours ce mercredi 30 décembre devant le tribunal administratif de Lille. Ils dénoncent une "entrave" à la liberté d'informer et demandent de pouvoir "accéder aux différents sites" d'évacuation des migrants pour réaliser leurs reportages.
Deux journalistes ont déposé mercredi un recours en "référé-liberté" devant le tribunal administratif de Lille, dénonçant une "entrave" à la liberté d'informer pour avoir été "empêchés" par la préfecture d'accéder à des évacuations de camps de migrants sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais,
ont-ils annoncé à l'AFP.
Par cette requête, le photojournaliste Louis Witter et le journaliste rédacteur Simon Hamy demandent au tribunal d'enjoindre à la préfecture du Nord et du Pas-de-Calais de les "autoriser à accéder aux différents sites" d'évacuation pour y réaliser leurs reportages.
Une "atteinte grave" à "la liberté d'expression"
Ils dénoncent une "atteinte grave" et illégale à "la liberté d'expression, d'opinion, et leur corollaire, la liberté d'informer", après s'être vu "opposer un refus de documenter" des opérations d'évacuation à cinq reprises, mardi et mercredi, à Grande-Synthe, Coquelles et en plusieurs lieux à Calais.
"A chaque fois, en arrivant sur le terrain, après contrôle de nos papiers d'identité, de ma carte de presse, qui ont été photographiées sur ce qui semble être les téléphones personnels des policiers, on s'est heurté à un refus de nous laisser passer pour travailler", a déploré M. Witter auprès de l'AFP. "Nous avons été tenus à 200 ou 300 mètres de distance, pendant plusieurs heures", a-t-il poursuivi.
6H20, Coquelles près de Calais.
— Louis Witter (@LouisWitter) December 30, 2020
Devant le Conforama, des dizaines d’exilés sont en train d’être sortis de leurs tentes par la police.
Encore une fois il est impossible d’approcher le périmètre pour documenter cette expulsion matinale par 1°C pic.twitter.com/AMjMdvNH5G
Une situation "qui se répète depuis des années"
"Cette situation se répète depuis des années. Les associatifs qui travaillent là-bas, notamment HRO (Human Rights observers), sont sans arrêt laissés en dehors du périmètre. Pour HRO, ne pas pouvoir accéder à ces lieux, c'est aussi ne pas pouvoir collecter des preuves, d'actes illégaux ou choquants, (...) notamment les lacérations de tentes", déclare Louis Witter.
Sur son compte Twitter, le journaliste a diffusé mardi une série d'images, devenues virales, montrant notamment un homme en combinaison lacérant une tente. "Il s'agit de sociétés de nettoyage qui accompagnent les forces de l'ordre lors des évacuations (...) et dont le rôle est de lacérer les tentes pour éviter leur réutilisation, ou d'emmener vers les bennes à ordures d'autres effets personnels de réfugiés", assure le photographe.
Contactée, la préfecture du Nord a "pris acte", indiquant qu'elle n'avait pas encore été informée de ce recours et se réservait le droit de réagir à sa réception."Reporters sans frontières (RSF) condamne ces entraves à la #libertédelapresse et demande au (préfet du Nord) de garantir le droit d'informer", a réagi mercredi soir l'organisation sur Twitter.