Municipales - "Le scrutin n'a pas été sincère" : dans l’Oise, un maire sortant demande l’annulation du premier tour

Le 15 mars dernier, les élections municipales enregistraient un taux d’abstention record. En pleine crise liée au coronavirus, un grand nombre d’électeurs ont préféré rester chez eux. André Coët, maire de Crèvecoeur-le-Grand (Oise), demande l’annulation et le report du scrutin.

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Avec 53 voix de plus, André Coët (Divers droite) aurait pu conserver sa place de maire à Crèvecoeur-le-Grand, une commune de l’Oise. Le 15 mars dernier, sa défaite a surpris une partie des habitants, dont plusieurs dizaines l’ont appelé dès le lendemain du scrutin. "Ils m’ont dit qu’ils seraient bien allés voter, mais qu’ils n’avaient pas pu. Il s’agissait de personnes âgées", affirme l’édile. Toutes ont préféré rester chez elles, quelques jours après un discours d’Emmanuel Macron qui appelait les plus fragiles à rester chez eux face à l’épidémie de coronavirus.

Sur les 2 477 inscrits dans cette ville, seuls 1 125 électeurs se sont déplacés aux urnes, ce qui représente un taux d’abstention record de 45%. "Je n’ai jamais vu ça", souligne le maire sortant. "Je pense qu’il s’agissait de mon électorat." Selon lui, ce scrutin n’a pas été "sincère" et serait erroné par le fait que beaucoup n’aient pas osé sortir de chez eux ce jour-là.
 

Un recours déposé

Cinq jours après l’élection, le 20 mars, André Coët dépose un recours au tribunal administratif d’Amiens, appuyé par les signatures de 70 habitants. Ils demandent que l’élection soit annulée afin d’être réorganisée. L’ancien élu n’est pas le seul dans cette situation. Dans le cadre de la crise sanitaire et de la controverse suscitée par ces élections, le délai pour demander un recours est passé de cinq jours à deux mois.

Pour autant, selon Jean-Claude Billot, président de l’Association des maires de la Somme : "Ce n’est pas très fréquent. Je n’ai pas beaucoup de retours à ce propos. Pour ma part j’ai notamment eu deux futurs maires au téléphone. Ils se posent des questions sur la légitimité de ces élections. Ils estiment qu’elles ont été tronquées." Avant les élections, Jean-Claude Billot avait déjà demandé leur report. "Si on l’avait fait, ça n’aurait pas changé la face du monde et ça aurait simplifié les choses", affirme-t-il.

 


Une pétition et une lettre ouverte au Président

Aujourd’hui, une pétition ayant recueilli près de 15 000 signatures demande l’annulation et le report des élections. André Coët, comme de nombreux autres maires, l’a signée en plus d’une lettre ouverte adressée au Président Emmanuel Macron. Dans ce courrier, près de 50 maires et candidats y estiment notamment que "les nouveaux conseils municipaux ne seront pas pleinement représentatifs de la démographie du corps électoral" et que "des millions de Français se sont fait voler l’élection de leur maire".

En attendant le dénouement et faute d’avoir pu mettre en place un conseil municipal, André Coët officie toujours en tant que maire, le temps de la crise. Pour ce qui est du recours, il devra attendre plusieurs mois avant de connaître le jugement du tribunal administratif.

 
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