Dans le cadre d'une vaste réforme du marché de l'emploi, la Belgique vient d'adopter la semaine de quatre jours. Mais, contrairement à d'autres modèles européens, la loi ne propose pas de travailler moins mais de condenser ses heures.
Les huit heures de travail quotidiennes sont révolues chez nos voisins belges. La nouvelle loi de réforme du marché du travail, nommé "deal pour l'emploi" enterre ainsi un principe sacralisé en 1921. L'hétéroclite gouvernement fédéral belge en a fait un symbole, insistant sur l'adaptabilité et une meilleure harmonisation des sphères privées et professionnelles.
La semaine de 4 jours à la Belge, comment ça marche ?
Mais dès la conclusion de l'accord global en février, les critiques ont fusé. La Ligue des Familles, une association qui milite pour l'adaptation de la société aux réalités domestiques estime notamment dans Le Monde que "cela ne répond pas aux défis actuels. D’autres moyens auraient été plus respectueux des contraintes familiales, comme un congé parental mieux rémunéré."
En effet, la semaine de 4 jours à la belge n'est pas une réduction du temps de travail, mais bien une condensation. Les salariés qui souhaiteront l'appliquer devront compenser leur journée perdue en travaillant 9h30 par jour. L'organisation se veut adaptable d'une semaine à l'autre, avec pour objectif de faciliter la gestion des parents séparés et engagés dans un partage de garde. Encore faudra-t-il que l'entreprise l'accepte. C'est l'employeur qui est en capacité de valider ou non cet aménagement du temps de travail, même si un refus devra être motivé.
Où en est-on ailleurs en Europe ?
On est loin de certains modèles adoptés ou expérimentés en Europe, qui ont eux pour objectif affiché l'amélioration de la qualité de vie. L'Espagne, notamment, expérimente jusque 2025 la semaine de 4 jours, avec un format de 32h payées 40. 200 entreprises se sont portées volontaires pour appliquer ce modèle et livrer leurs conclusions. Cette expérimentation chez nos voisins du Sud est un effet du modèle Islandais. De 2015 à 2019, le gouvernement a expérimenté une réduction du temps de travail à 35h réparties sur 4 jours, pour un salaire inchangé. Une vraie réussite, puisque le dispositif a depuis été généralisé. En comparaison, la formule belge s'inscrit encore très fortement dans les logiques libérales.
Pas à l'ordre du jour en France
En France, seule une poignée d'entreprises propose la formule à ses salariés. Pourtant, selon un sondage du cabinet Robert Half mené auprès de 300 dirigeants, 30% envisagent de proposer la semaine de 4 jours à temps de travail égal, comme en Belgique. Les Français eux, plébiscitent l'idée à longueurs d'études depuis plusieurs années. En 2019, déjà, ils étaient 60% à vouloir la possibilité de libérer leur vendredi. En 2022, ce chiffre est monté à 64%. L'option séduit particulièrement les femmes, les moins de 45 ans ou les salariés ayant des enfants.
Le gouvernement français, lui, se montre assez frileux sur la question. En février 2022, Elizabeth Borne, alors ministre du Travail, estimait qu'il n'appartenait en rien au gouvernement d'imposer cette réforme du temps de travail. "Ça peut poser des problèmes de pression et de pouvoir d'achat. C'est une mesure qui peut se discuter dans chaque entreprise mais ça ne peut pas être une obligation générale" a-t-elle déclaré.