Adryan C. est soupçonné d'être le complice d'un homme qui avait tiré sur le client d'un kébab avant de mettre fin à ses jours.
Le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, il aurait aidé un ami qui a tiré sur le client d'un kebab à Cambrai pour "se faire du bougnoule" : aux assises du Nord, un ex-élève militaire est jugé à partir de mardi pour complicité de tentative d'assassinat raciste.
Le 14 novembre 2015, peu avant minuit à Cambrai, une voiture avec un drapeau français sur le capot passe puis repasse devant un kebab. L'un des deux passagers tire une fois avec un revolver 22 long rifle sur l'un des clients sur le trottoir. Un artisan carreleur kurde est grièvement blessé, touché par balle dans le bas du dos.La victime semble avoir été choisie au hasard, parce qu'elle avait une couleur de peau qui ne convenait pas au tireur
"La victime semble avoir été choisie au hasard, parce qu'elle avait une couleur de peau qui ne convenait pas au tireur", indiquait alors le procureur de la République Rémi Schwartz. Quelques heures plus tard, l'auteur du coup de feu s'est suicidé.
Selon le conducteur, Adryan C. – seul sur le banc des accusés - et l'autre passagère, Eve, le trio avait bu et sortait d'un rassemblement de soutien aux victimes des attentats de Paris.
"Où sont les bougnoules ?!" avait alors crié à plusieurs reprises le tireur, "animé d'un esprit de vengeance". Il dit vouloir s'en prendre "à des Arabes".
L'accusation reproche à Adryan C., bientôt 24 ans, de lui avoir fourni l'arme et de l'avoir emmené devant le restaurant en lui disant : "Si tu veux il y en a là".
Au cours de l'enquête, il s'est défendu d'être raciste, affirmant avoir eu honte des propos de son ami et agi par peur de sa colère.
"Amalgame pourri"
Eve, 31 ans, et Adryan C. devaient initialement être jugés en correctionnelle. Mais estimant qu'il s'agissait d'un crime – passé presque inaperçu à l'époque – le parquet a requis un procès devant les assises. La chambre de l'instruction a mis Eve hors de cause.La victime, un "miraculé", "ne pensait pas une seule seconde qu'il se ferait tirer dessus dans une ville comme Cambrai" rapporte son avocate Sandrine Bleux, fustigeant l'"amalgame pourri" du trio.
"Il y a une confusion qui leur était propre mais qui est je pense aussi un peu généralisée. Dans leur raisonnement, on pense que tous les Arabes sont des terroristes, donc on va tuer les Arabes comme ça il n'y aura plus de terroristes", dénonce-t-elle.
Tous étaient sans emploi et consommateurs de stupéfiants. Adryan C. avait intégré l'école des sous-officiers de Rochefort en 2015 mais avait été déclassé au bout d'un mois pour un problème de genou. Il comparaît détenu jusqu'à vendredi.