Cambrai cherche ses sentinelles pour venir en aide aux entrepreneur.e.s en détresse psychologique

Il y a trois semaines, la ville de Cambrai a rejoint le réseau Apesa, Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë, quelques semaines après deux suicides de commerçants. 

"J’ai créé ma société en décembre 2016, et vais déposer le bilan dans les prochaines semaines. Comme beaucoup de chefs d’entreprise j’y ai mis toute mon énergie et aussi beaucoup d’argent, car ma société c’était une grande part de moi et de ma vie. Abandonnée, en proie aux pires difficultés, j’ai fini par tomber en dépression après m’être battue des mois durant", explique une entrepreneure qui en début d'année 2021, souhaitait adresser ses voeux et se remerciements à l'association Apesa

Face à la crise sanitaire, et même si l'Etat joue son rôle de "perfusion", l'Apesa, créée en 2013 par Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime), constate de plus en plus de stress et de détresse psychologique chez les entrepreneur.e.s.  

Cinq consultations gratuites

Pour les aider, des consultations avec psychologues sont proposées. Cinq fois une heure, gratuitement. Pour remettre les choses à leur place, se faire aider, ne pas faire de bêtise. Dans les Hauts-de-France, comme partout en France, le maillage du territoire se concrétise par des antennes locales. Amiens, Arras, Beauvais, Boulogne-sur-Mer, Compiègne, Douai, Lille, Valenciennes et maintenant Cambrai ont leur antenne. 

A Cambrai, Alban Dobremetz, adjoint au commerce et à l'artisanat, a été choqué par les suicides, coup sur coup de deux commerçants, il y a deux à trois mois. Ce qui a provoqué sa démarche en compagnie de François-Xavier Villain, maire de la ville. 

Cherche "sentinelles"

L'idée, rejoindre le réseau Apesa, en compagnie de la CCI du Grand Hainaut (Valenciennes) dont dépend Cambrai et du tribunal de commerce de Douai, dont dépend Cambrai également. Mais quand on est la tête dans le guidon, on ne s'aperçoit pas forcément de sa souffrance, de son stress ou de sa détresse. Alors Cambrai, cherche ses sentinelles, c'est-à-dire des gens lambda, qui, en contact avec les quelque 600 entrepreneur.e.s de la ville, peuvent, après une formation de trois heures pour être sentinelle, les approcher et leur proposer cette aide psychologique.

Après la rédaction d'une fiche adressée à l'Apesa - et avec l'accord de l'intéressé.e en souffrance, un coup de téléphone est passé très vite pour qu'un rendez-vous en présentiel soit convenu. Sur Cambrai, trois psychologues ont intégré le réseau. Et les choses bougent...

Au lendemain de cette annonce, Alban Dobremetz a reçu un appel : "un restaurateur qui se voyait fournir des aliments par un agriculteur m'a appelé voyant ce dernier très sombre à propos de ses dettes et de sa situation financière. Aujourd'hui, il est pris en charge par le dispositif de l'Apesa du Grand Hainaut (Valenciennes-Maubeuge - Saint Amand-les-Eaux)". 

Son président, Julien Lagache explique. "Aujourd'hui, les Apesa se développent car on redoute le moment où l'Etat ne mettra plus les entreprises sous "perfusion", lorsque la crise sanitaire sera derrière nous."

Par ailleurs, il faut aussi savoir que le tribunal de commerce ne donne pas seulement la vie (création) et la mort (liquidation) à une entreprise. Il guérit aussi : un certain nombre de redressements se soldent par un succès. Le tout, là encore est de pas trop garder la tête dans le guidon et de se faire accompagner.

Aujourd'hui, une dizaine de personnes sont "sentinelles" à Cambrai, mais à terme, la volonté de l'adjoint est que tous les clubs-services aux entreprises, Lions club, Rotary, Club 44, Table ronde, association des Femmes chefs d'entreprise etc. puissent s'investir dans cette action en proposant des sentinelles. 

Dans les Hauts de France : sur Lille, 75 sentinelles ont réalisé depuis 94 interventions (après la rédaction de fiches alerte, le fait qu'un.e psychologue intervienne) depuis 2018, 16 à Beauvais depuis juin 2019, 107 à Boulogne-sur-Mer depuis 2016, et 5 dans le Grand Hainaut depuis fin 2020.

En France, il existe 49 Apesa aujourd'hui et le délai d'intervention téléphonique est de 40 minutes après la rédaction d'une fiche alerte. 

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