Le Dr Fatima Dervaux-Rahmani, médecin généraliste à Wattrelos (Nord), a vu depuis la semaine dernière le nombre de ses patients présumés atteints de Covid-19 passé de 2 à 9, mais elle sait que la vague va arriver et décupler ses horaires.
Le Dr Dervaux-Rahmani a commencé ses visites à 8h30, un peu plus tôt que d’habitude, car elle devait voir des patients avec de gros problèmes de santé, mais sans aucun rapport avec le Covid-19. Désormais, elle fait beaucoup plus de visites à domicile, "car les gens n’osent plus venir en consultation", ils ont peur d’être contaminés. Du coup, elle s’organise, et garde les patients potentiellement atteints pour ces dernières visites.
Tout le rituel de consultation a changé, depuis l’arrivée du virus. Lorsqu’elle voit un patient présumé atteint, elle lui demande de se laver les mains et d’enfiler un masque chirurgical. Elle-même s’équipe "pour faire une double barrière". La solution la plus efficace, "à défaut de masques FFP2" (des masques plus protecteurs), dont les pharmacies sont à court.
Elle ne pratique plus d’examen ORL, ausculte en se mettant derrière le patient pour éviter de se retrouver face au patient et au risque de postillons.
Avec les malades atteints, elle rappelle qu’il faut être prudent (même s’il y a une accalmie, la situation peut vite se dégrader) et garde un contact téléphonique pour surveiller l’évolution. Mais elle constate aussi que certains patients ne comprennent pas le sérieux de la situation.
Créneaux spécifiques pour les cas suspects
Ce matin encore, une personne atteinte ne comprenait pas qu’elle ne pouvait pas recevoir la visite de son fils et de ses petits-enfants et encore moins de la famille d’une ville voisine, attendue dans l’après-midi.
Pour l’instant, son activité est plus calme qu’habituellement. Elle a mis des créneaux spécifiques pour les cas suspects en fin d’après-midi, mais avant, les patients ne sont pas nombreux. Les pharmaciens ont eu l’autorisation de renouveler les ordonnances, et à part pour un motif grave, la plupart des malades préfèrent rester chez eux.
"C’est le calme avant la tempête", confie cette professionnelle qui s’attend à "un tsunami". Pour l’instant, elle a encore du gel hydro-alcoolique et suffisamment de masques pour assurer une cinquantaine de consultations, mais elle en est sûre, cela ne suffira bientôt plus. Pour se protéger, certains de ses confrères ont fait le choix de pratiquer la télémédecine, des consultations à distance. Pour l’instant, elle n’est pas formée à cette pratique mais pense y venir, aux vues de la situation.
La tension monte auprès des professionnels et de certains patients. Ce docteur aussi s’inquiète de pouvoir transmettre le virus à ses patients ou encore ses enfants. C’est pourquoi, même chez elle, elle continue les gestes barrières, et garde ses distances. Le virus est désormais omniprésent dans sa vie et, elle sait, que dans peu de temps, elle sera saturée par les cas à gérer.