Alors que le 119 (numéro de téléphone national pour signaler des violences sur enfants) connaît une hausse de 20% de ses appels, le département du Nord ne fait pas le même constat et se préoccupe de l'après-confinement. Explications.
Adrien Taquet, secrétaire d'Etat à la protection de l'Enfance, l'a annoncé jeudi 9 avril, les appels passés au 119 ont connu une hausse de 20% depuis le début du confinement. Mais s'il est vrai que le confinement peut provoquer des tensions au sein d'une famille, la raison de cette hausse serait en fait ailleurs : des campagnes lancées fin mars-début avril via les réseaux sociaux, la radio et la télévision, pour inciter les victimes et d'éventuels témoins à se signaler.
Anne Devreese, directrice générale adjointe pour l'enfance la famille et la jeunesse au Département du Nord, appuie : "Les situations à risques sont étouffées et c'est spécialement vrai pour les enfants qui, quand ils sont sous l'emprise de quelqu'un, ne parlent pas". Le confinement provoquerait donc à la fois des violences tout en les taisant ? Le risque est d’autant plus fort que bon nombre des acteurs de l’enfance : les écoles, les lieux de soins, les centres sociaux ont pour beaucoup suspendu leurs interventions et ne sont plus dans cette période de confinement des lieux de protection pour ces enfants les plus vulnérables.
-38%
Dans le Nord, sur les 7500 informations préoccupantes reçues chaque année, environ 10% sont transmises par le numéro vert, Allo enfance en danger, le 119. Or les saisines venant du 119 ont baissé sur les 45 unités territoriales et les 8 directions des services sociaux à l'enfance qui maillent le territoire ; les deux semaines avant le confinement, il y a eu une quarantaines de saisines. Les quatre semaines qui ont suivi en ont totalisé une cinquantaine.
Les violences contre les enfants continuent pendant le confinement.
— Brut FR (@brutofficiel) April 11, 2020
Thierry Beccaro en a lui-même souffert. Aujourd'hui, ambassadeur pour @UNICEF_france, il lance sur Brut un appel à l'aide pour les victimes. #EntendonsLeursCris #119 pic.twitter.com/wGIc6ZUBLI
Soient 20 saisines en moyenne par semaine avant le confinement et 12,5 par semaine après le début du confinement. Soit une chute des saisines de 38%. Bien sûr, ce pourcentage est à relativiser, ces chiffres sont sur des durées très courtes et révèlent juste une tendance sur six semaines pour le Nord. Néanmoins, ils constituent un indicateur, important, d’autant que le volume global des transmissions d’alertes baisse dans le département.
"Nous avons moins d'informations préoccupantes à partir du début du confinement" assure Anne Devreese, même si elle précise "que la troisième semaine de confinement a été marquée par une légère augmentation des infos préoccupantes par rapport aux deux premières semaines. Par contre nous sommes davantage préoccupés par les semaines qui viennent et par l'après confinement, quand s’exprimeront les souffrances liées aux violences domestiques".
Les services sociaux à l'enfance dans le Nord
- La mission de protection de l’enfant est assurée par le service de l'Aide sociale à l'enfance avec le concours du service social départemental et du service de protection maternelle infantile.
- Plusieurs milliers de fonctionnaires territoriaux travaillent dans ces trois services.
- Pour mailler le département, 8 directions territoriales et 45 unités territoriales
- Les infos préoccupantes viennent de l'Education nationale, du 119, des associations, des particuliers, de la police ou de la justice
- Budget près de 500 millions d'euros (+10 millions d'euros votés fin 2019 pour budget 2020)