Lors du conseil municipal de Wavrechain-sous-Denain en date du 21 décembre, plusieurs conseillers municipaux de la majorité ont désavoué le maire. En réponse, l'édile leur a retiré plusieurs délégations. Au commencement de ce divorce, des insultes et quelques bouts de papier.
Une décision qualifiée d’inhumaine, "indigne de l’humaniste" que le maire prétend être. Ces mots sont ceux d’un conseiller municipal de la majorité de Wavrechain-sous-Denain à l’encontre de Jean-François Burette, premier édile de la commune élu en mai 2020. Des propos prononcés lors du dernier conseil municipal, mardi 21 décembre.
Un maire désavoué par sa propre majorité, qui est allée jusqu’à écrire une lettre au sous-préfet pour demander au représentant de l’état de se pencher sur la question de la légitimité de celui-ci. 16 des 19 conseillers municipaux l’ont signée, dont la quasi-totalité des membres de la majorité.
Une histoire d’insultes et de bouts de papier
Tout est parti d’une simple histoire de bouts de papiers jetés sur la voie publique lors du défilé du 11 novembre dernier. Un employé municipal de la commune, chargé de l’entretien, s’emporte alors devant ses collègues et insinue que l’opposition a volontairement souillé l’itinéraire du défilé. Il vise notamment l’ancien maire, désormais chef de l’opposition, et l’insulte. "Ça m’a été rapporté, explique Jacques Delcroix, maire de Wavrechain-sous-Denain jusqu’en 2020. J’avais quand même mon honneur qui avait été atteint. J’ai demandé au maire de procéder à une enquête administrative et l’enquête a donné comme résultat que les faits étaient avérés". Parallèlement, l’employé municipal, auteur des insultes, s’excuse pour ses propos.
Suite à cet événement, Jean-François Burette, maire actuel de la commune, annonce que le contrat à durée déterminée de l’employé ne sera pas reconduit après le 31 janvier, date de fin de celui-ci. "Dans la foulée, l’épouse de cet agent, concierge à la base de loisirs, a été signifiée que son contrat ne serait pas prolongé non plus au-delà du 28 février", ajoute Jacques Delcroix. Incompréhensible pour l’ancien maire qui l’a souligné au terme du conseil municipal, rappelant que sa demande d’enquête administrative à l’encontre de l’agent municipal n’avait "rien à voir avec ses fonctions" et que cette affaire ne concernait par la ville.
Un employé municipal, père de 5 enfants, sans travail ni logement
Les deux agents municipaux, ainsi que leurs cinq enfants, sont actuellement logés dans la conciergerie de la commune. Mais tous deux vont donc se retrouver dans moins de deux mois sans travail ni toit. Une décision incompréhensible pour de nombreux conseillers municipaux, y compris faisant partie de la majorité. "C’est toute la majorité qui est désormais contre lui", affirme aujourd’hui Alexis Marchand, adjoint au maire.
Un comité de soutien à l’employé municipal a été créé et des banderoles installées sur la conciergerie pour dénoncer cette décision. Sur l’une d’elles, on peut lire ce message : "5 enfants dehors, merci monsieur le maire !"
Selon les signataires de la lettre adressée au sous-préfet dont l’adjoint fait partie, les deux agents incriminés ont "toujours fourni un travail irréprochable" depuis leur prise de poste. Par ailleurs, les élus "déplorent fortement de voir une famille de 7 personnes mise dehors, en quelque sorte, au coeur de l’hiver".
Délégations supprimées et dialogue rompu au conseil municipal
Au lendemain du conseil municipal houleux, l’actuel maire de la commune a pris un arrêté pour retirer une dizaine de délégations aux signataires du courrier adressé sous-préfet. "Pour le moment, il a retiré neuf délégations aux personnes qui ont signé la lettre", détaille Alexis Marchand, parmi lesquelles la voirie, l’urbanisme, la santé, l’éducation ou encore les personnes âgées.
Pour le chef de l’opposition, tout cela va trop loin. "Je me sens un peu responsable dans la mesure où j’ai déclenché cette affaire qui a eu des conséquences, notamment sur l’épouse de l’agent municipal, regrette Jacques Delcroix. Je ne voulais pas qu’ils soient mis dehors, surtout en plein hiver". Mais il l’assure, le dialogue entre le maire actuel et sa majorité était rompu depuis plusieurs mois déjà et cette affaire est selon lui celle de trop. "C’était latent depuis quelques temps. Il y a certaines délibérations qui ne sont pas passées car quelques membres de la majorité votaient contre".
Ce que confirme Alexis Marchand, actuel adjoint au maire. Selon lui, la mobilisation va s’amplifier dans les prochains jours. Des tracts expliquant la situation et réaffirmant le soutien aux agents menacés de perdre emploi et logement sont en train d’être imprimés. "Nous allons les déposer dans les 732 boites aux lettres de la commune ce soir à 20 heures", annonce-t-il. Contacté, le maire n’a pour l'heure pas souhaité donner sa version des faits.