Le préjudice subi est de l'ordre de 25 000 euros correspondant aux 42 interventions partout en France provoquées par les coups de fil des adolescents. Ces derniers encourent jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende pour apologie du terrorisme formulée lors de leurs canulars.
"Le commissariat de Sarcelles (Val d'Oise) a été sympa : il ne demande qu'un euro de dommages et intérêts" commente le colonel Bertrand Michel, commandant la section de recherches de Lille-Villeneuve d'Ascq, à l'origine de l'arrestation de deux jeunes de la région Hauts-de-France et d'un jeune de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Selon le colonel de gendarmerie, l'un des trois auteurs de ces canulars, alors âgé de 17 ans au moment des faits survenus en février 2020, avait fait évacuer un lycée de Sarcelles avec une alerte à la bombe.
L'idée : "aller toujours plus loin pour s'enorgueillir parfois d'avoir fait intervenir les unités d'élite comme le GIGN ou le Raid. C'est le swatting (1)" précise Bertrand Michel. "Ils nous ont fait plusieurs fois le coup du jeune terrorisé, du type : j'ai 14 ans mon père a mis en joue ma mère je me suis caché et j'ai entendu tirer".
"Spoofing et swatting"
Malheureusement pour eux, les techniques d'investigation évoluent et ont permis de remonter jusqu'à eux, malgré le spoofing (2) mis en place.
Si à l'origine c'est un canular téléphonique, les conséquences peuvent être importantes. "Au départ, cela vient d'une culture geek, des jeux vidéos : sur des parties de 24h ou 48h, parfois un des joueurs en ligne faisait intervenir la police chez son adversaire pour pouvoir gagner la partie. Mais cela peut prendre des proportions plus graves".
Avec les canulars, plusieurs infractions ont été retenues. La plus importante : "apologie du terrorisme", punie de 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Des menaces de crimes contre personnes punies de 3 ans et 45 000 euros d'amende.
Sur les 42 faits recensés, les auteurs en ont reconnu 28, dont des faits de fausse alerte à l’attentat sur les communes de Baisieux et Cysoing. Ils sont convoqués devant les tribunaux judiciaires de Saint Malo et de Lille les 8 et 14 septembre 2022.
(1) Swatting : Le swatting est un anglicisme désignant un canular téléphonique qui consiste à essayer de piéger des services de police, tout en restant anonyme, en leur faisant croire à la nécessité d'une intervention d’urgence, en général chez un particulier, pour lui nuire. Aux USA, les Swatt sont les unités d'élite qui interviennent : en France le Raid ou le GIGN.
(2) Spoofing : Le spoofing consiste à usurper une identité électronique pour masquer sa propre identité et commettre des délits sur internet.