Bourbourg : "Viols réguliers" ou "relation consentie", versions divergentes au procès de Sylvain Dubois

L'accusé a nié tout viol, parlant de relations "adultes", à la "demande" du jeune homme.

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"Pourquoi tu n'avoues pas, Sylvain ?": au deuxième jour du procès d'un ex-animateur de centre aéré poursuivi pour viols sur mineurs, le principal plaignant a livré vendredi le glaçant récit d'abus "réguliers" subis pendant vingt ans, l'accusé niant tout viol et parlant de relations "adultes", à la "demande" du jeune.

"Ça a commencé quand j'avais entre six et huit ans, à la piscine. J'étais dans l'eau (...) M. Dubois s'est collé à moi, j'ai senti son sexe (...) Il m'a accompagné aux toilettes, mais je n'arrive pas à me souvenir", commence Mickaël, 34 ans, agrippant la barre de la Cour d'assises de Douai (Nord).
 
Cheveux presque blancs, silhouette nerveuse, il décrit ensuite le souvenir "traumatique" d'un spectacle de cirque, où sortant à l'entracte sous prétexte "d'aller acheter des pop-corn", l'accusé lui impose une fellation. "C'est grave, je me souviens du moindre détail", souffle-t-il, la voix brisée.

 

"J'étais sous emprise"


Ensuite, "tout s'enchaîne": un viol au domicile de l'accusé, qui lui a offert "boisson et barres chocolatées", puis "plein d'autres épisodes (...) jusqu'à venir chez lui une, deux fois par semaine" pendant l'adolescence et "un peu moins souvent à l'âge adulte", jusqu'en février 2015, raconte-t-il. Même marié, "j'y allais encore, j'avais tout le temps besoin de ça (...) j'étais sous emprise", soupire-t-il en parlant d'addiction.

Comme Mickaël, six hommes accusent Sylvain Dubois, 52 ans, ex-animateur d'un centre de loisirs pour adolescents qu'ils fréquentaient enfants, de multiples viols et agressions sexuelles, commis pour beaucoup dans son logement de fonction, entre 1990 et 2015, de manière régulière et répétée et pour certains pendant des années. Selon eux, M. Dubois leur offrait cadeaux, sucreries, places de cinéma ou de basket, parfois de l'alcool ou de l'argent et les complimentait beaucoup.

D'après les expertises psychiatriques, les plaignants étaient des enfants issus de familles défavorisées, présentant des "carences affectives", un manque de "repères", parfois marqués par "l'absence de père" et voyant en Sylvain Dubois un "référent", voire "un grand frère".

"L'erreur que tu n'aurais jamais dû faire, c'est approcher mon enfant !", lance Mickaël en fusillant l'accusé du regard. Au printemps 2015, à la sortie de l'école, Sylvain Dubois discute en effet avec son jeune fils. "J'ai alors tout raconté à ma femme (...) et porté plainte, pour protéger ma famille", explique Mickaël.

 

"C'est un manipulateur"


"Je ne l'ai pas violé (...) Nous avons eu une relation adulte, cachée" et "à sa demande", entre 2013 et 2015, répond calmement Sylvain Dubois.

Méthodique, dans un langage châtié, il raconte chronologiquement et avec beaucoup de détails la rencontre avec le petit garçon, lorsqu'il "aidait sa famille, en donnant quelques vêtements", la manière anodine dont l'enfant, vers dix ans, "l'accompagnait parfois" promener son labrador, passait "dire bonjour" ou "manger une barre chocolatée" dans un cadre "amical".

Après des années sans contact, "Mickaël est revenu vers moi", "proposant" au départ des "relations tarifées" car il avait "besoin d'argent", puis une relation suivie qu'il "dissimulait à sa femme", affirme l'accusé. "Je suis allé chez lui aussi, quand son épouse n'était pas là", poursuit-il froidement.

 

"Un scénario inventé de toutes pièces" pour le prévenu


Selon M. Dubois, toute l'histoire serait "un scénario inventé de toutes pièces" par Mickaël pour "sauver son couple" alors que son épouse avait "découvert sa liaison et son homosexualité", a-t-il expliqué aux gendarmes et confirmé devant la Cour.

"Non, je ne veux pas de son argent, je veux juste qu'il assume, qu'il avoue, tout ça m'a détruit", a lancé Mickaël, ému aux larmes. 

"Il ne parlera pas, c'est un manipulateur, un très beau parleur, il arrive toujours à s'en sortir", a-t-il encore dit plus tard à la presse, mais "même si je suis épuisé, j'irai jusqu'au bout (...) je ne suis pas la seule victime, on dit tous la même chose, et je me dis qu'en déposant plainte, j'ai peut-être sauvé des enfants".
 
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