Dans le Douaisis, la sobriété énergétique passe par l’éclairage public

Tout au long de la semaine, nous vous proposons de découvrir des initiatives made in Nord Pas-de-Calais en faveur de la sobriété énergétique. Épisode 1 : dans le Douaisis, plusieurs communes adaptent leur éclairage public pour faire des économies et moins polluer.

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"La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas". Ces mots, prononcés par Emmanuel Macron, résonnent tout particulièrement à l’heure où la crise de l’énergie s’amplifie.

Lors d’une conférence de presse organisée lundi 5 septembre, le président de la République a rappelé l’impérieuse nécessité d’"être au rendez-vous de la sobriété" afin d’éviter coupures et rationnement durant l’hiver prochain. "Chacun à son rôle à jouer", a ajouté Emmanuel Macron, avec un objectif : réaliser 10% d’économie d’énergie d’ici 2024.

La sobriété énergétique, c’est une démarche qui vise à réduire la consommation d’énergie globale par des changements de comportement, de mode de vie mais aussi d’organisation collective. Une nécessité alors que le changement climatique s’accentue et qu’il est impérieux d’économiser l’énergie que nous utilisons quotidiennement.

Tandis que les particuliers et les entreprises sont invités à réduire l’utilisation de la climatisation "quand il fait chaud" et à limiter l’usage du chauffage à 19°C dans les pièces cet hiver, le gouvernement a demandé à tous les acteurs de la société de mettre en place des plans de sobriété énergétique.

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, de nombreuses initiatives fleurissent à l’échelle des collectivités. Premier épisode de notre série dans le Douaisis, où plusieurs municipalités ont décidé de mettre le paquet sur l’éclairage public.

Dans le Douaisis, on parle sobriété énergétique depuis plusieurs années déjà

En décembre 2020, le Grand Douaisis a adopté son plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) qui fixe une grande trajectoire : tendre à la neutralité carbone en 2050 dans l’agglomération. Un cap ambitieux qui débute par la mise en place d’une "véritable démarche de sobriété", préalable indispensable à l’atteinte de l’objectif précédemment évoqué. 

Accompagné par l’association lilloise Virage Energie, le territoire est en avance sur la prise en compte des impacts du changement climatique. "C’est un territoire où les élus ne sont pas forcément écolos mais ils ont compris que la sobriété permettait de faire des économies financières et d’améliorer le cadre de vie", précise Barbara Nicoloso, directrice de l’association créée en 2006.

Elle le confirme : adapter l’éclairage public est l’un des premiers leviers de sobriété actionné par les municipalités dans un contexte de flambée des prix. "Dans le Douaisis, plusieurs communes avaient modernisé leur éclairage public en passant au LED avant l’adoption du PCAET, indique Barbara Nicoloso de Virage Energie. Mais certaines vont plus loin aujourd’hui car elles commencent à recevoir les factures d’énergie de l’année dernière et peuvent donc tirer un premier bilan du coût de la crise énergétique actuelle". C’est notamment le cas des villes de Douai et d’Auby. Explications.

À Douai, une trame sombre unique en France

C’est un plan d’action initié par la municipalité : à Douai, 600 lampadaires sont en cours de rénovation autour de la Scarpe, en plein cœur de la ville.

Après une phase de test menée en juin 2021, les vieux luminaires – dont certains sont installés depuis plus de 40 ans - sont modernisés et équipés de la technologie LED avec un mode de fonctionnement bien particulier. "Ces nouvelles technologies permettent d’éclairer juste ce qu’il faut, quand il le faut, avec les bonnes quantité et qualité de lumière", avance Roger Couillet, responsable des installations extérieures de la ville. De plus, l’éclairement peut être modulé grâce à une gestion différenciée des températures de couleur en fonction de l’activité humaine.

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Frédéric Chéreau, maire PS de Douai, évoque les nouveaux lampadaires installés autour de la Scarpe. ©France 3 Hauts-de-France

En clair, la lumière est baissée de 90% entre minuit et 6 heures mais des variations existent lorsque des humains passent à proximité de ces lampadaires. "On baisse fortement la puissance mais si un humain passe, on est capable de remonter temporairement l’éclairement juste à l’endroit où se trouve la personne de façon à assurer sa sécurité et son confort, précise Frédéric Chéreau, maire PS de Douai. Il va y avoir une sorte de groupes de points lumineux qui vont l’accompagner dans son parcours : ça monte à 50% là où la personne passe puis ça redescend à 10% d’éclairement".

Coût total : 2 millions d’euros, dont 70% sont financés par le fonds européen de développement régional. "Avec ce projet, on essaie d’optimiser le confort pour l’humain et pour la faune, le tout avec une maitrise maximum sur le plan financier", résume le premier édile. 

Avec ce projet, on essaie d’optimiser le confort pour l’humain et pour la faune, le tout avec une maitrise maximum sur le plan financier.

Frédéric Chéreau, maire PS de Douai

Car au-delà de protéger les 11 espèces de chauve-souris recensées dans le périmètre de la pollution lumineuse,  ce chantier s’inscrit pleinement dans un objectif de sobriété énergétique.

La ville l’assure : cette nouvelle technologie permet de réaliser jusqu’à 77% d’économies sur l’énergie active, le kilowattheure.

À Auby, extinction des éclairages publics entre 1h et 5h du matin

Dans la commune voisine d’Auby (Nord), 3 000 habitants, une expérimentation est menée depuis le 11 août dernier et pour 6 mois : éteindre totalement les lumières de la ville entre 1h et 5h du matin. "Agir en faveur de l’environnement et réduire nos consommations énergétiques – électricité et gaz – est aujourd’hui inévitable", écrit la municipalité dans le message envoyé aux administrés. Seuls les ronds-points et la place de la République restent éclairés pour "garantir la sécurité de chacun".

Selon Christophe Charles, maire PRG de la commune, c’est bon pour le porte-monnaie et pour la planète. Car les dépenses d'éclairage public représentent 37% des dépenses d'électricité de la collectivité. "Comme partout, le coût de l’énergie augmente. À Auby en 2020, nous avions une facture pour l’éclairage public de 95 000 euros et nous sommes à un peu plus de 105 000 euros cette année, explique-t-il. Qu’on soit un particulier ou une collectivité, tout le monde a peur de recevoir ses factures. Alors on a voulu agir". Avec cette mesure, l’idée n’est pas de faire des économies à proprement parler mais de pallier  l’augmentation soudaine enregistrée ces derniers mois.

L’édile l’assure : la mesure est bien acceptée par la population. Elle sera complétée par une refonte globale de l’éclairage public de la commune étalée sur plusieurs années avec "l’élaboration d’un plan lumière et la mise en place de l’éclairage public à LED". Coût de l’opération : 700 000 euros.

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