Une centaine d'agriculteurs ont manifesté mercredi à l'entrée du port de Dunkerque (Nord), à l'appel de la Coordination rurale, pour "dénoncer les importations massives" de céréales, principalement de maïs ukrainien, "qui ne respectent pas les normes" et "ruinent les agriculteurs français".
Venus majoritairement des Hauts-de-France et de la région Centre-Val de Loire, les manifestants, équipés de quatre tracteurs, ont filtré dans le calme les camions entrant et sortant de la zone portuaire.
"Cette année, 20 millions de tonnes de maïs vont pénétrer dans l'Union européenne, aux trois quarts venus d'Ukraine, dont un million en France", a dit Nicolas Jaquet, responsable des "grandes cultures" à la Coordination rurale. "Ce maïs ukrainien est produit sur des grandes fermes de dizaines de milliers d'hectares, avec des produits phytosanitaires interdits en France, des employés mal payés sans aucune protection sociale" et "des industriels français et certaines coopératives agricoles importent ce maïs", à bas coût, et "s'en servent pour faire baisser les prix ici", a-t-il dénoncé.
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— Bertrand CR (@CRPICARDIE) 16 janvier 2019
Baisse du chiffre d'affaires
Ce maïs ne répond "ni à la charte de qualité", ni aux "standards de production" européens, mais son importation "oblige nos agriculteurs à aligner leurs prix" et les industriels peuvent ensuite "réexporter" à l'étranger, a-t-il ajouté, dénonçant une "distorsion de concurrence".
"En trente ans, le prix des céréales a été divisé par trois en monnaie constante, et malgré nos gains de productivité, notre chiffre d'affaires a baissé de 62%", a déploré M. Jaquet.
La Coordination rurale réclame donc une "exception agriculturelle" pour "protéger nos marchés agricoles comme on a su protéger nos marchés culturels". Pour M. Jaquet, il faut "filtrer, taxer et établir des normes" strictes à l'heure où la France "sort des États généraux de l'alimentation" et "veut produire mieux et plus propre".
Mais "nous sommes les seuls à nous battre contre ces importations", a-t-il poursuivi, mettant notamment en cause les syndicats et la FNSEA qui sont "très proches des coopératives, alors que justement ces coopératives importent".