Les entreprises industrielles, sources de fortes émissions de gaz à effet de serre, pourront répondre dès ce jeudi à deux appels à projet, lancés par le gouvernement pour soutenir leur transition écologique.
Volet important du plan de relance, le Fonds décarbonation de l'industrie bénéficiera d'ici à 2022 d'1,2 milliard d'euros, dont 200 millions engagés dès 2020, a indiqué le ministère de l'Economie ce jeudi, alors que la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher s'est rendue sur le site d'ArcelorMittal à Dunkerque.
Notre site de Dunkerque est ravi de recevoir aujourd'hui la Ministre déléguée à l'Industrie @AgnesRunacher. #FranceRelance @EricNiedziela @PairDominique @Dunkerque pic.twitter.com/se4GyraMIo
— ArcelorMittal France (@ArcelorMittalF) September 10, 2020
Deux premiers appels à projets sont ainsi ouverts, avec pour objectif de dégager de premiers crédits dès décembre. Avec un seuil à 3 millions d'euros, ils concernent des projets plutôt grands, qui seront choisis pour leur efficacité en terme de réduction d'émissions.
L'un porte sur des projets de meilleure efficacité énergétique des procédés industriels (équipements plus performants par exemple). L'autre concerne le déploiement de la chaleur verte (biogaz, biomasse...). S'ajoutant au Fonds chaleur existant, le soutien, qui permet de compenser au moins en partie l'écart de coûts entre ces solutions et les combustibles fossiles, s'inscrit dans la durée (15 ans maximum) pour assurer une visibilité aux industriels.
D'autres appels à projet seront lancés ces deux années prochaines, à raison de 500 millions d'euros par an jusqu'en 2022.
Entre 1995 et 2015, les émissions de CO2 de l'industrie ont baissé de 40% en France, mais elles restent importantes (80 millions de tonnes annuelles, 20% du total) et l'empreinte carbone du secteur est massive du fait des importations. "L'enjeu de la relance est de passer à un modèle économique décarboné", pour à terme produire sur le territoire certains biens coûteux en émissions que l'on importait jusqu'ici, explique-t-on à Bercy et au ministère de la Transition écologique. Réduire les émissions importées est "un objectif cardinal", assure-t-on, et il s'agit aussi de pouvoir relocaliser certaines activités (papeterie, verrerie, métallurgie, chimie...) en les rendant plus vertes et par là plus compétitives et efficientes.
Ces premiers appels à projet portent sur des technologies déjà matures et disponibles, pouvant produire des effets rapidement, souligne-t-on. Un "appel à manifestation d'intérêt" est en outre lancé jeudi, en vue d'identifier des expérimentations et initiatives en projet dans les sites industriels visant à faire évoluer les procédés industriels (électrification, nouveaux usages...).
ArcelorMittal, premier projet retenu ?
Site emblématique de la construction française à Dunkerque, ArcelorMittal a dores-et-déjà avancé un plan de réduction de 33% de ses émissions de CO2 d'ici 2030, dont il discute avec le gouvernement et la région Hauts-de-France.Pour remplir cet objectif, le groupe sidérurgique propose trois solutions :
► la première vise à doubler l'utilisation d'acier recyclé, ce qui permettrait de réduire de 8% les émissions de CO2.
► la seconde consiste à réintroduire les gaz sidérurgiques dans un haut-fourneau pour en faire un haut-fourneau vert, ce qui entraînerait un réduction des émissions de 17%. Il s'agit d'un process très technique et pointu et revient à remplacer les combustibles fossiles, c'est-à-dire les minerais qui sont livrés par cargo dans le port de Dunkerque?
► la troisième propose de capturer et stocker le CO2, de purifier et traiter ces gaz, les liquéfier pour les réutiliser. L’excédent serait stocké en Mer du Nord, un projet déjà en discussion avec le groupe Total. Cela représenterait 8% d'émissions en moins.
Ce projet sera-t-il le premier à être retenu et soutenu par le plan de relance ? "C’est ce qu’on appelle de nos vœux", répondent en coeur les ministères de l’Industrie et de la Transition écologique.