Le géant nordiste de prêt-à-porter Camaïeu, qui s’est déclaré en cessation de paiement lundi, demande son redressement judiciaire au tribunal de commerce de Lille, qui devait l’examiner cet après-midi.
Après un premier placement en redressement judiciaire en 2020, l’histoire pourrait se répéter pour l’enseigne nordiste Camaïeu qui s’est déclarée, lundi, en cessation de paiement. Ce mercredi 27 juillet, le tribunal de commerce de Lille devait ainsi examiner la nouvelle demande de redressement judiciaire, deux ans après la reprise par la Financière immobilière bordelaise (FIB).
511 des 634 magasins en France et environ 2.600 salariés sur plus de 3.100 avaient pu être repris dans le cadre de cette restructuration. La nouvelle direction, portée par l’ancien patron d’Auchan, Wilhelm Hubner, s’était alors donné deux ans pour remettre l’entreprise à équilibre. L’objectif ? Retrouver en 2023 le chiffre d'affaires de 2019, soit 570 millions d’euros.
Faux départ ?
La direction de l’entreprise, dont le siège social est basé à Roubaix (Nord), a assuré dans un message adressé à l’AFP que "l’objectif majeur [...] est de préserver la pérennité de l'entreprise". Elle explique ensuite que la demande de redressement "est motivée par une accélération des difficultés de l'entreprise", ainsi que par le refus de la Cour de Cassation de baisser, pour les commerçants, les loyers de la période Covid.
La plus haute juridiction a en effet estimé que cette situation n’était pas imputable aux bailleurs et n’avait pas privé définitivement les commerçants d’utiliser leurs locaux. Elle a donc obligé les commerçants à s'acquitter de leurs loyers non payés pendant la période où les commerces essentiels étaient fermés.
Les loyers : principale difficulté
Des loyers qui seraient effectivement au centre de ce nouveau déclin, puisque le délégué CGT de Camaïeu, Thierry Siwik, a estimé à "plusieurs millions d’euros par mois" les loyers non versés par la direction aux bailleurs. Selon lui, il y a d’abord eu un courrier de la direction, en juin 2021, adressé à une dizaine de bailleurs pour annoncer "une suspension du paiement en raison d’un ‘cas de force majeure’". Puis, des tentatives de négociation, qui sont restées vaines.
Thierry Siwik s'inquiète donc de la situation : "Cet argent, ils ne l'ont pas mis de côté. La dette est considérable", a-t-il indiqué à l'AFP, et si le redressement judiciaire permet de la "geler" provisoirement, à long terme "il va forcément y avoir de la casse sociale".