Le premier ministre était en visite à l'imprimerie nationale, à Flers-en-Escrebieux, dans le Nord, aujourd'hui, avec la ministre du travail Myriam El Khomri. Motif : l'entrée en vigueur d'une nouvelle carte d'identité pour les salariés du BTP, afin de lutter contre le travail illégal.
Bernard Cazeneuve a jugé mercredi le projet de l'Union européenne "abîmé par la fraude au détachement" des travailleurs, appelant à une révision rapide de la directive de 1996 qui en fixe les règles. En visite à l'Imprimerie nationale à Flers-en-Escrébieux, où va être produite la nouvelle carte d'identité professionnelle pour les travailleurs du BTP, le chef du gouvernement a rappelé les actions de la France depuis 2012 contre le travail illégal, aux côtés de la ministre du Travail Myriam El Khomri.
Quelque 1.500 contrôles contre la fraude sont effectués par mois désormais. "La fraude doit être combattue à l'échelle de l'Europe, avec le concours de nos partenaires", a-t-il plaidé. "Soit nous parvenons à lutter efficacement ensemble contre les abus en matière de détachement des travailleurs, soit c'est le principe même de libre circulation qui sera sapé dans ses fondements", a mis en garde le chef du gouvernement.
Et au-delà, selon lui, "c'est le projet européen lui-même qui est abîmé par la fraude au détachement". "La question du travail détaché est un terreau absolument funeste pour tous les populismes", a insisté M. Cazeneuve.
Les règles de 1996 "doivent être révisées" pour notamment lutter contre les sociétés dites "boîtes aux lettres" qui "ne sont créées que pour exploiter les différences de régime de protection sociale qui existent entre les pays", a-t-il expliqué.
Une directive révisée, proposée en mars 2016 par la Commission européenne, vise à aligner les conditions des travailleurs détachés, souvent employés dans le bâtiment, les abattoirs ou l'agriculture, sur celles des travailleurs locaux, mais elle s'est heurtée au refus de onze pays, en majorité d'Europe de l'Est.
"Grâce à l'action déterminée de la France, il est désormais acquis que le projet de révision de la Commission sera discuté" avec "le principe d'un salaire égal pour un même travail et dans un même lieu" et une "limitation de la durée du détachement", a-t-il fait valoir.
Autre "enjeu majeur au cours des mois à venir": la mise en place d'un "socle européen des droits sociaux", d'après le Premier ministre. "L'enjeu de ces négociations est capital car il s'agit de restaurer la confiance des citoyens dans la capacité de l'Union européenne à mieux les protéger face aux risques de la mondialisation", a insisté M. Cazeneuve, en cette "terre du nord" qui a "lutté avec force pour la reconnaissance des droits des salariés". "Ce n'est pas l'Europe en soi qui menace ces droits, mais certains dogmes notamment libéraux qui au sein de l'Europe cherchent à imposer une véritable régression sociale", a-t-il lancé à quatre mois de l'élection présidentielle.
En quoi consiste cette carte d'identité professionnelle ?
D'ici l'été, cette carte deviendra obligatoire pour tout travailleur du BTP. Il s'agit d'une carte professionnelle pour lutter contre de travail au noir.Désormais, tout travailleur présent sur un chantier, qu'il soit en CDI, interimaire ou travailleur détaché devra obligatoirement porter sur lui, cette sorte de carte d'identité professionnelle.
Elle comportera une photo, mais aussi un "QR code", relié à une système informatique. D'un clic un entrepreneur, un inspecteur du travail ou un douanier pourra vérifier que le salarié est en règle.