En 2023, Cédric Vanhorenbeke a lancé la corbicyclette, un savant mélange de vélo et de... corbillard. Présentation de ce nouveau moyen de transport venu tout droit de Belgique qui réduit le bilan carbone des funérailles.
Si vous visitez un cimetière de Wallonie (Belgique), vous risquez de tomber nez à nez avec un objet roulant non identifié, qui espère révolutionner les funérailles dans le plat-pays. Fusion inédite d'un vélo avec un corbillard, la corbicyclette lancée en 2023, promet des obsèques à faibles émissions de CO2.
Entrepreneur bruxellois de 40 ans, Cédric Vanhorenbeke est à l'origine du projet corbicyclette. Issu d'une famille de professionnels des pompes funèbres, "j'ai eu rapidement envie de monter mon propre projet, en adéquation avec mes propres valeurs", raconte-t-il. Il fondera donc en 2013 Alveus, une coopérative spécialisée dans les funérailles éco-responsables.
Corbillard vs. Corbicylette, "c'est incomparable"
L'idée de la corbicyclette, "c'était le projet pour célébrer la dixième année de la coopérative" se souvient Cédric Vanhorenbeke. Pour lui, c'est quelque chose qui "allait de soi". "C'est la continuité de ma philosophie de proposer des funérailles plus écologiques", explique-t-il.
Lui qui propose également des cercueils en carton et en osier, Cédric Vanhorenbeke planche sur ce projet de transport de défunts vert depuis 2018, mais s'est confronté à la pandémie et quelques difficultés réglementaires. Finalement, il a découvert un vélo cargo "avec un espace de chargement de 2m30 à l'avant, qui peut transporter une charge allant jusqu'à 400 kg".
Mais est-ce qu'un tel véhicule est autorisé à rouler sur les routes ? En Belgique, cela ne pose aucun soucis. "La réglementation funéraire belge est assez permissive. Elle prévoit que le transport des défunts se fasse à l'aide d'un corbillard ou d'un véhicule aménagé à cet effet." La corbicyclette rentre donc dans les clous.
Ce vélo surmonté d'un espace de chargement est étonnamment de couleur claire, agrémenté de parements de bois. Cédric Vanhorenbeke se justifie : "Notre volonté, c'est que les funérailles ne soient pas tristes. Notre approche est de célébrer la vie, les bons souvenirs, plutôt que de plomber avec des couleurs tristes et noires. « On dirait des cabines bien être » m'a-t-on dit une fois. C'est effectivement pour le dernier repos."
Niveau émission de CO2 c'est "incomparable" avec un corbillard ajoute l'entrepreneur. "Entre fabriquer un vélo et fabriquer un corbillard et l'importer, niveau émission de carbone, il y a un facteur de 1 à 10, voire de 1 à 100. Ensuite en roulant, le vélo émet zéro gramme de CO2."
Déjà 5 funérailles en corbicyclette
Depuis son lancement il y a 1 an, Cédric Vanhorenbeke a déjà assuré cinq funérailles avec son vélo-corbillard. Équipé d'une assistance électrique, ce vélo peut compter sur des panneaux solaires pour s'alimenter. Il est donc beaucoup plus pratique à utiliser l'été.
"Dans un secteur conservateur et classique, c'est difficile de créer de nouvelles tendances" regrette-t-il. Si ce n'est pas toujours simple que les familles acceptent de passer le pas de la corbicyclette, elles "trouvent l'idée sympathique. En parler et leur montrer des photos leur permet de se projeter."
Est-ce qu'une telle idée pourrait traverser la frontière franco-belge ? Cela ne fait aucun doute pour l'entrepreneur, d'autant plus que l'idée existait déjà en France. "Une collègue française avait lancé sa corbicyclette en 2022" relate-t-il. "Mais elle n'a jamais pu l'utiliser, la préfecture de Paris l'en a interdit."