Grande-Synthe : un homme tue son ex-femme et ses beaux-parents, police et justice auraient-elles pu éviter le drame ?

L'affaire du triple assassinat de Grande-Synthe date d'il y a 5 ans. Depuis, Cathy Thomas, qui a perdu sa soeur et ses parents, se bat pour faire reconnaître ce qu'elle estime être de graves dysfonctionnements de l'Etat. 

Le triple assassinat de Grande-Synthe en 2014 aurait-il pu être évité ? La police et la justice ont-ils tout fait pour protéger Isabelle Thomas, tuée avec ses parents place du Marché, dans cette ville du Dunkerquois ?

Cathy Thomas, la soeur de la victime, est convaincue que l'Etat a failli. Elle pointe une série de dysfonctionnements. Police, justice, administration pénitentiaire ont-ils agi en prenant conscience du danger ? « La chaîne judiciaire n’a pas fonctionné, la chaîne policière n’a pas fonctionné, la chaîne pénitentiaire n’a pas fonctionné », pense Isabelle Steyer, avocate parisienne spécialisée dans les violences faites aux femmes.

En novembre 2018, Cathy Thomas a engagé en justice une action en responsabilité contre l’Etat. L'audience aura lieu le 7 octobre prochain. 
 

 

La justice


En juin 2014, Isabelle Thomas porte plainte contre son-ex mari pour une agression. Depuis leur séparation, il se montre violent et menaçant. Il est convoqué pour être jugé le 14 août, soit plus de deux mois plus tard. En attendant le procès, il est placé sous contrôle judiciaire et non en détention provisoire. A plusieurs reprises, selon Cathy Thomas et son avocate, Patrick lemoine a violé son contrôle judiciaire, proférant notamment des menaces de mort alors qu'il avait interdiction de rentrer en contact avec son ex-femme. Une nouvelle plainte a été déposée 3 semaines avant le drame. Elle n' a pas été traitée. Et les juges ne l'ont pas envoyé en prison. Selon l'Etat, "il n'est pas établi [...] que c'est la cause directe du passage à l'acte, ni que le traitement de la plainte aurait permis de l'éviter".

Pourtant, selon Me Isabelle Steyer, "tous les signes de danger étaient présents. Tout était annoncé, ce que Patrick Lemoine a dit, il l’a fait." "Un jour, ma soeur m'a dit. Il me retrouvera et il me tuera", confirme Cathy Thomas.

 

La police


La veille du triple assassinat, Isabelle Thomas, se sentant en danger, s'était réfugiée chez ses parents à Grande-Synthe. Le lendemain, alors qu'ils se rendent ensemble à la plage, il remarquent que Patrick Lemoine les suit. Isabelle Thomas compose le 17. La conversation est enregistrée et a été retranscrite en 2016 par La Voix du Nord. L'appel a dure 4'30 min.
- Isabelle Thomas : Mon mari violent est en train de nous suivre ! 
- Un policier : Mais vous êtes où ? Vous êtes où ?
- Place du Marché à Grande-Synthe !
- Répétez ! Répétez !
- Le commissariat se trouve à quelques centaines de mètres, venez !
- Non, envoyez une patrouille...Dépêchez-vous ! Dépêchez-vous ! Il est armé, il va nous tuer ! (...) Il nous pointe, il va nous tuer ! Il pointe maman, il va tuer maman !

Patrick Lemoine tue Isabelle Thomas, 45 ans et ses ex beaux-parents âgés de 68 et 72 ans et a le temps de prendre la fuit. Quand la police arrive sur place, Isabelle Thomas et ses parents sont morts. Leur intervention aurait-elle pu être plus rapide ? La police a-t-elle pris la mesure du danger imminent ? « Le commissariat de Grande-Synthe était à moins d’un kilomètre. S’il avait envoyé des effectifs tout de suite, le drame n’aurait peut-être pas pris cette tournure », estime Isabelle Steyer.
 

L'administration pénitentiaire


Peu après le triple assassinat, Patrick Lemoine est interpellé en Belgique et incarcéré à Sequedin. Selon Cathy Thomas, il a alors plusieurs évoqué son désir de se suicider. Il est alors considéré comme un DPS (détenu particulièrement surveillé). Pourtant, Patrick Lemoine se suicide en octobre. Une terrible nouvelle pour la famille. Aurait-il dû être mieux surveillé en prison ? 



 
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