Face à la pénurie de médecins, Gravelines propose des téléconsultations. Le dispositif installé dans une résidence seniors débute cette semaine et permet à distance de consulter un généraliste ou un spécialiste. Un dispositif appelé à se développer dans tous les Hauts-de-France.
Libre, voyant vert. Occupé, il passe au rouge. C'est dans cette cabine installée dans la résidence pour seniors "Le béguinage" que les patients de Gravelines et des environs peuvent désormais venir consulter un médecin à distance du lundi au samedi avec ou sans rendez-vous.
Une alternative à la désertification médicale dans cette commune de 11 500 habitants. Alain Cuvellier, sans médecin traitant depuis quelques semaines s'installe "à bord", face à lui un écran et des outils de prise de mesures, tensiomètre, thermomètre ou stéthoscope : "Je suis habitué à prendre ma tension chez moi, donc ce n'est pas compliqué. Le médecin traitant qui me suivait vient de quitter Gravelines. Ce dispositif me permettra d'attendre qu'un nouveau arrive car à Gravelines et même dans les communes environnantes, plus aucun médecin ne prend de nouveau patient".
4 communes déjà équipées dans le Pas-de-Calais
Des médecins consultent depuis toute la France
Face à Alain de l'autre côté de l'écran aujourd'hui, pas de médecin mais un formateur qui l'aide à découvrir l'environnement de la cabine. Ouverte à tous, la cabine est financée par la municipalité et le dispositif est encadré par le centre communal d'action sociale. Un budget important, 1000€ par mois, un dispositif initialement temporaire mais qui pourrait bien perdurer : " Nous avons actuellement 6 médecins sur la commune et nous en avons un qui est parti en novembre dernier laissant ainsi 2000 patients. Il était urgent de trouver une solution. C'est une installation qui peut rester de quelques mois à quelques années si besoin. C'est une vraie volonté politique", explique Josée Bleuez, conseillère municipale en charge de la santé.
Par ailleurs, depuis 2015, la municipalité soutient également les cabinets tremplins, qui permettent à de jeunes médecins de pouvoir s'installer dans des locaux communaux à faibles loyers : 100 euros par mois et un bail de 6 ans.
160 téléconsultations par mois sur la commune des Attaques
Certaines de ces installations ont déjà fait leur preuve, comme celle située sur la commune des Attaques près de Calais. Installé en juillet par la même société, le cabinet médical connaît une croissance permanente : " Nous sommes passés de 160 téléconsultations entre juillet et septembre à 160 par mois", explique Franck Heddebeaux, accompagnant infirmier de la cabine. L'accompagnement individuel, la confidentialité des lieux et le stationnement participent de cette fréquentation accrue : " Si je n'étais pas là pour aider à la manipulation des appareils de mesure ou pour imprimer les ordonnances en format A4, je suis sûr que bien des patients ne reviendraient pas. Et puis le fait de communiquer avec des médecins de toute la France donne un autre regard sur la médecine. Avec certains praticiens, des liens finissent par se créer. Nous avons dû élargir les créneaux. Ce matin, une patiente est venue de Tournehem à plus de 20 kilomètres".
Les médecins sont salariés par l'entreprise qui développe les cabines et une dizaine de nouvelles implantations est programmée dans les Hauts-de-France sur le premier trimestre 2022 : "La désertification médicale sur tout le littoral de la Côte d'Opale est une réalité et Gravelines est la première commune à avoir décidé d'implanter ce dispositif via son CCAS dans une résidence pour seniors. Aujourd'hui on a vocation à développer nos marchés auprès des collectivités", détaille Steeve de Matos, responsable du développement pour Tessan. Des implantations sont à venir dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Oise et de la Somme qui dispose déjà d'un bus mobile de télémédecine, unique en France.