Martine Tekaya a été initiée à la défense des droits des femmes par sa grand-mère. "Hauts féminin", votre nouveau rendez-vous sur France 3 Hauts-de-France, lui donne la parole. Aujourd'hui à Amiens, cette retraitée consacre tout son temps à cet engagement en faveur de l'égalité femme / homme. Pour elle, dès l'enfance il faut lever les freins de l'émancipation des femmes. #Hautsfeminin
Entre hommes et femmes, les inégalités demeurent. Martine Tekaya, militante au sein de l'association Femmes solidaires, a bien des exemples en tête : les différences de salaire, le nombre de femmes à la tête d'entreprises bien inférieur aux hommes, les responsables politiques en majorité masculins. La liste est longue.
"Si vous allez vous promener au musée d'Amiens vous trouverez des toiles essentiellement faites par des hommes. Dans l'histoire de France, il y a de grandes femmes et à l'école on les passe sous le tapis."
D'où l'importance avec son association, le réseau Femmes solidaires, d'intervenir dans les écoles de la maternelle à la terminale. "On voit de plus en plus de filles jouer au foot et des petits garçons à la poupée", remarque-t-elle, "mais les filles freinent leurs ambitions, elles n'osent pas croire en elle."
Cette militante amiénoise a très vite réalisé qu'elle voulait être maîtresse de son destin. Inspirée par la vie de sa grand-mère qui l'a élevée. Une femme née au 19e siècle qui n'avait "pas le droit de vote, pas le droit à la contraception, pas le droit à l'avortement." Elle s'appelait Marie. Et après la naissance de son premier enfant, et la perte de son fiancé, elle a été embauchée en tant qu'employée dans une maison bourgeoise. Abusée par le père de famille, elle donne naissance à deux autres enfants.
Très jeune j'ai pris conscience que la vie de ma grand-mère avait été difficile et que j'avais envie de choisir la mienne.
Martine Tekaya"Hauts féminin" - France 3 Hauts-de-France
Durant toute sa vie professionnelle, Martine Tekaya milite pour les femmes en entreprise. Dans le centre d'appels qui l'emploie, elle adapte les plannings des mamans. Mais c'est au moment de la retraite que cet engagement prend tout son temps. Avec le réseau Femmes solidaires, relais du 3919, elle accompagne les femmes victimes de violences depuis la plainte au commissariat jusqu'aux démarches pour trouver un logement.
Puis elle s'investit auprès des migrantes. "Elles sont encore plus isolées et ce sont des situations très compliquées. Souvent elles sont avec des enfants. La plupart du temps, elles ont subi le viol et la prostitution, cela engendre de gros problèmes psychologiques et psychiatriques."
Dans tous les cas, les moyens pour défendre les droits des femmes et lutter contre les violences qu'elles subissent manquent. "90% des plaintes sont classées sans suite. Les lois ne suffisent pas."
La charge émotionnelle est importante. L'Amiénoise reconnaît que c'est parfois difficile à porter. Mais il y a tant de belles victoires. Elle puise aussi sa force dans les rencontres et dans les liens qui se créent avec d'autres femmes militantes. "Celles qui trouvent le temps en plus de leur travail et de l'éducation des enfants. Elles me donnent la foi et il y a toujours à faire."