REVOIR. Législatives 2022 dans les Hauts-de-France : dans notre débat citoyen, les politiques répondent sur le pouvoir d'achat, l'environnement et la santé

Vivre ensemble, environnement, santé, emploi, pouvoir d'achat : trois candidats aux élections législatives ont fait face aux citoyens autour de ces thèmes de campagne le 8 juin à 17h45 sur France 3 Hauts-de-France.

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Après trois débats de circonscription, France 3 a proposé à des citoyens des Hauts-de-France d'échanger avec trois candidats issus des trois forces politiques principales qui se sont dessinées lors de l'élection présidentielle.

Face aux citoyens

Sur le plateau, une étudiante de l'université Picardie-Jules Verne et un retraité saint-quentinois ont fait face à :

- Delphine Alexandre, candidate dans le Nord, investie par la majorité présidentielle Ensemble! ; 

- Philippe Ballard, candidat Rassemblement national dans l'Oise ; 

- Marine Tondelier, investie par la Nupes dans le Pas-de-calais.

Nos journalistes étaient également répartis sur le territoire régional pour interroger différents citoyens à Lille, Roubaix et Néry dans l'Oise.

Pouvoir d'achat : les retraités et les étudiants en difficulté

Le débat commence, animé par Mickaël Guiho. Michel Wattelier, retraité et membre de l’association des retraités dynamiques de Saint-Quentin, souligne la situation financière difficile des seniors : "les retraités on ne s'en sort pas en ce moment, on perd du pouvoir d'achat et on se sent frustrés. On a travaillé 40, 45 ans et on a du mal à joindre les deux bouts maintenant".

Philippe Ballard du Rassemblement national en profite pour rebondir sur le projet du gouvernement de reculer l'âge de la retraite. "Ce sera bientôt 65 ans, et on veut tout faire pour bloquer cette proposition d'Emmanuel Macron. Vous avez souffert, vous risquez de continuer de souffrir et si on continue à avoir une majorité LaREM qui a changé de nom entre temps, ce sera la casse sociale, la saignée fiscale, l'insécurité qui se développe et une vague migratoire incontrôlée."

À gauche, la candidate Nupes Marine Tondelier s'oppose elle aussi à cette réforme : "Il y a quand même un quart des Français qui meurent avant l'âge de la retraite aujourd'hui. (...) Reporter encore à 65 ans, ça me parait une totale incohérence. On veut dans notre programme que plus aucun Français, et en particulier les retraités et les jeunes de moins de 25 ans, ne vive sous le seuil de pauvreté."

De son côté, Delphine Alexandre, candidate Ensemble !, estime qu'il n'est pas possible de financer le maintien de la retraite à 60 ans.

Dans les Hauts-de-France, la moitié des ménages de retraités vit avec 1 668 euros (Insee, 2017). C'est la deuxième région avec le plus bas niveau de vie des retraités dans l'Hexagone.

Amélie Fernandes-Rodrigues, étudiante en master 1 de droit international et européen à l’UPJV, interpelle directement les politiques sur le pouvoir d'achat des étudiants. "J'ai toujours travaillé pendant mes études, sinon je n'aurais pas eu les moyens d'en faire, et je trouve ça injuste qu'en tant qu'étudiante je n'ai pas le droit aux aides qu'on donne aux personnes salariées, comme le chômage ou la prime d'activité. J'ai une bourse qui est infime, et ce ne sont pas mon salaire et ma bourse qui me permettent de vivre."

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Le candidat Rassemblement national rappelle à ce sujet la proposition de Marine Le Pen d'allouer une prime de 300 euros par mois aux étudiants boursiers qui travaillent, et évoque l'idée d'un programme de construction de logements aux étudiants.

La représentante de la Nupes va plus loin : "On est pour une allocation pour les moins de 25 ans de 1063 euros par mois qui permet de se former dans de bonnes conditions, de choisir si on peut travailler ou pas mais de ne pas devoir le faire pour des raisons financières, car ça crée une injustice entre les étudiants. (...) Moi j'avais honte quand je voyais dans mon pays les files de la banque alimentaire nourries par beaucoup d'étudiants pendant le Covid. On ne peut plus voir ça en France, c'est un soutien sans faille qu'on doit apporter à tous les étudiants de ce pays."

Delphine Alexandre défend quant à elle le projet présidentiel : "Emmanuel Macron propose la solidarité à la source, en fonction de vos revenus vous toucherez les allocations auxquelles vous avez droit." Pas de quoi convaincre l'étudiante, qui affirme que les allocations sont basées sur les revenus de ses parents alors qu'elle vit seule et que ses parents ne peuvent pas l'aider financièrement.

Faire face à l'inflation

Depuis Roubaix, on retrouve Emeraude Bensahnoun, membre de l'association "Le cercle roubaisien", un think tank citoyen qui mène des réflexions sur les thématiques de société. Elle demande directement aux personnalités politiques présentes sur le plateau ce qu'ils comptent mettre en place pour préserver le pouvoir d'achat s'ils sont élus. Un enjeu crucial dans les Hauts-de-France, qui détient deuxième taux de pauvreté le plus élevé de France métropolitaine et où le chômage atteint des records.

Delphine Alexandre déroule la liste des propositions gouvernementales : "indexation des salaires, des retraites et des allocations sur l'augmentation des prix, la fin de la redevance télé, le blocage du prix de l'énergie jusqu'à la fin de l'année 2022..." Ce projet de loi devrait être discuté prochainement à l'Assemblée si la majorité revient aux soutiens présidentiels.

À l'extrême-droite, Philippe Ballard détaille deux propositions : "on baisse la TVA de 20 à 5,5% sur l'énergie, c'est-à-dire le carburant, le gaz, le fioul, et on crée lorsque l'inflation est supérieure de 1% au taux de croissance un panier de 100 produits à TVA zéro."

"Le point d'indice des fonctionnaires a augmenté de 1% entre 2010 et 2021. L'inflation, elle, est de 11%, donc ça veut dire que les fonctionnaires se sont appauvris, relativement au reste de la population française donc il faut réindexer le traitement des fonctionnaires mais aussi rattraper le retard, indique Marine Tondelier, candidate de la Nupes. Il faut aussi un blocage des prix, sur le carburant et les produits de première nécessité en priorité, et revaloriser les prestations sociales comme l'allocation adulte handicapé.

Revaloriser certains emplois

On écoute des témoignages de restaurateurs du Touquet qui manquent de personnel. L'un d'entre eux évoque la création de logements pour les saisonniers, "de façon à ce qu'ils puissent travailler et se loger à des prix raisonnables".

Une idée qui semble faire mouche auprès du représentant du Rassemblement national : "il y a plein de solutions qui peuvent être imaginées, comme plusieurs restaurateurs qui se regroupent et mettent à disposition un, deux, trois, quatre logements..." Il souligne néanmoins l'importance de travailler également sur les salaires et les conditions de travail des salariés de la restauration. 

Delphine Alexandre de la majorité présidentielle ne commente pas cette proposition, mais assure que : "sur les 5 ans on a créé, grâce à l'action d'Emmanuel Macron, 1,2 million d'emplois". Elle évoque un décalage entre le marché de l'emploi entre l'offre et la demande. "Il faut trouver des solutions, travailler sur le court terme et de manière plus structurelle sur le long terme. (...) Il va falloir aussi revaloriser ces métiers issus des voies professionnelles qui ont été longtemps dévalorisées, Emmanuel Macron propose un lycée professionnel d'excellence, pour faire découvrir ces métiers, pas que dans la restauration, dans l'industrie c'est la même chose."

Marine Tondelier rappelle de son côté une mesure phare de la Nupes : "Ce sont des métiers qui sont durs, et la pénibilité n'est pas prise en compte dans le salaire. Un jeune, s'il doit travailler la nuit pour un salaire de misère, forcément il a moins envie. Quand on dit un SMIC à 1 500 euros, c'est aussi pour répondre à ce genre de problèmes, mais pas que dans la restauration."

Les passoires thermiques, une catastrophe pour les ménages précaires et pour l'environnement

On aborde le thème de la rénovation énergétique des logements : près de la moitié des logements de la région sont énergivores. Franck Billot, créateur de Réseau Éco Habitat Oise, une association qui vient en aide à des ménages précaires habitant dans une passoire thermique. "Le prix de l'énergie grimpe, le réchauffement climatique est une réalité, et il faut aider les personnes à moins consommer d'énergie si on veut atteindre nos objectifs climatiques de 2050. (...) Quelle mesure pourriez-vous prendre pour permettre aux personnes en situation de précarité d'accéder aux dispositifs de rénovation énergétique et aux financements ?", demande-t-il aux aspirants députés. 

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À gauche, Marine Tondelier dénonce la difficulté du dispositif MaPrimRénov' mis en place par le précédent gouvernement. "Il faut faire des choses simples, là c'est un parcours du combattant (...). Il y a eu beaucoup de rénovations thermiques, mais quand on regarde combien de logements qui sont sortis de l'état de passoires thermiques, c'est 25 000, sur un objectif de 700 000."

Emeraude Bensahnoun, du Cercle roubaisien, demande s'il serait possible d'obtenir un crédit d'impôt pour ceux qui ont effectué des travaux de mise aux normes énergétiques en 2021. Delphine Alexandre assure que de nouveaux dispositifs seront mis en place pour accompagner ces rénovations. 

Un accès à la santé inégal

On prend la direction de Corbeny dans l'Aisne. Après 4 ans sans médecin, la commune de 730 habitants a retrouvé un nouveau souffle grâce à un couple de médecins qui s'y est installé. "Je proposerais deux choses : ne pas conventionner les médecins dans les zones où il y a déjà moins de 500 patients par médecin, et revaloriser le paiement des visites, parce qu'en zone rurale on fait beaucoup de visites et c'est extrêmement mal rémunéré par rapport au temps qu'on y passe", indique le jeune médecin Virgile Dissoubry.

Philippe Ballard affirme que le Rassemblement national est d'accord avec la proposition de revaloriser les consultations "en fonction du territoire où on se trouve", et estime qu'il faut inciter les médecins à s'installer dans les déserts médicaux. 

Delphine Alexandre défend là aussi le bilan du précédent gouvernement, notamment sur le développement des maisons de santé et la coordination entre médecine de ville et hôpital.

Marine Tondelier assure que l'union de la gauche s'engage à ce que tout le monde ait accès "à des soins à moins de trente minutes de chez soi, partout sur le territoire", et propose d'augmenter le salariat des médecins pour attirer "les jeunes qui ne cherchent pas forcément la même chose qu'il y a cinquante ans quand on s'installait".

Sur la Grand-Place de Lille, un citoyen évoque son inquiétude sur les tensions dans le milieu hospitalier. Plusieurs services des urgences menacent de fermer cet été dans la région, faute de personnel.

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À quatre jours du premier tour des élections législatives, France 3 Hauts-de-France donne la parole aux citoyens pour une heure d'échanges et de confrontations en direct.

Delphine Alexandre rappelle le projet de "mission flash" d'Emmanuel Macron. "Chaque Samu, chaque centre d'urgence, chaque territoire va être étudié au cas par cas pour trouver des solutions, assure-t-elle. Il faut repenser la santé d'une manière globale, en amont des urgences, à l'intérieur des urgences et en aval. Il faut réguler l'entrée aux urgences pour ne traiter que les urgences vitales."

Pour la gauche, Marine Tondelier déplore les demandes qui ont été faites à certains soignants de raccourcir leurs congés d'été pour pallier le manque de personnels. "Il fallait anticiper, quand je vois qu'on donne des primes de 350 euros à des gens pour qu'ils ne prennent pas leurs congés, franchement j'ai honte."

Pour le Rassemblement national, la "mission flash" prévue par le Président est tout simplement un "coup de com'". 

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