Une vingtaine de membres de leur famille a rejoint l'organisation État islamique en Syrie: Anissa et Assia T., deux soeurs originaires de Roubaix, comparaissaient ce jeudi à Paris, jugées notamment pour avoir financé le terrorisme en leur envoyant des milliers d'euros.
Assia, algérienne, a 36 ans; Anissa, française, 31. Les deux femmes aux longs cheveux noirs, très apprêtées - blouse jaune et bottines cloutées pour la première, veste rose et créoles pour la deuxième - comparaissent libres, sous contrôle judiciaire, devant le tribunal correctionnel. En début d'audience, le président a décrit un contexte familial hors du commun : au total, en 2014, 23 personnes de leur famille, originaire de Roubaix ont gagné les zones tenues par l'organisation État islamique (EI) en Syrie.
Dans le sillage d'un frère décrit comme charismatique et violent, Fodil, sont parties leurs six soeurs avec époux et enfants ainsi que leurs deux parents, la mère d'abord, pour rejoindre ce fils unique chéri, puis le père. Assia et Anissa sont jugées pour association de malfaiteurs à visée terroriste, soupçonnées notamment d'avoir "partagé une grande partie de l'idéologie" de l'EI et d'avoir aidé une jeune fille partant en Syrie. Mais aussi pour financement du terrorisme, pour avoir, selon le tribunal, envoyé 15 000 euros en Syrie tout en ayant retiré le double sur les comptes de leurs soeurs, des mères de familles nombreuses qui percevaient toujours les allocations familiales après leur départ.
"Vous comprenez bien que c'est assez choquant, quand on réfléchit à l'origine de ces fonds", a commenté le président. Toutes deux ont assuré ne pas partager l'idéologie de l'EI et avoir agi ainsi car leurs proches étaient dans "le besoin". "Pour les frais médicaux, pour les sortir de cet engrenage dans lequel ils sont rentrés", a assuré Anissa. Aucun des membres de la famille n'est rentré en France.
Leur mère, malade, est morte. Leur père, âgé, serait dans une prison kurde, comme leur frère Fodil. Plusieurs de leurs beaux-frères sont morts dans les combats. Et plusieurs de leurs soeurs et leurs nombreux enfants erreraient, selon Assia, "dans une sorte de désert", fuyant selon elle à la fois les troupes de Bachar Al-Assad et l'EI.
Le procès se poursuit jusqu'à vendredi.