Une boulangerie rentable, implantée à Saint-André-lez-Lille depuis presque 30 ans, a dû fermer définitivement faute de personnel suffisant.
Lorsqu’on essaie de contacter la boulangerie le Bel Air à Saint-André-Lez-Lille (près de Lille dans le Nord), le répondeur vocal est pour le moins … surprenant : "La boulangerie le Bel Air est fermée, en raison d’un problème de recrutement. Nous remercions notre clientèle fidèle depuis presque 30 ans."
Le rideau de fer est baissé, les étales vidés. Pendant 29 années, Nathalie Lefebvre et son mari Bernard ont fait tourner cette boulangerie, en plein cœur de Saint-André. Mais le couple ne fêtera pas l’anniversaire des 30 ans d’ouverture. Ils ont décidé, le cœur serré, de fermer la boulangerie; malgré le fait qu'elle soit rentable.
Impossible de recruter
Aucun problème financier pourtant. En cause, un problème de personnel : impossible de recruter des vendeurs et des préparateurs. Encore début janvier, deux vendeuses travaillaient dans la boulangerie. L’une est partie en congé maternité jusque juin, l’autre -Noëlle, 64 ans- part en retraite. "Ça fait deux ans que j’essaie de la remplacer, sans succès", déplore Nathalie.
Malgré plusieurs tentatives, parmi lesquelles "Pôle emploi, Leboncoin, les réseaux sociaux ou encore la région via le service qui rapproche les employeurs et les chômeurs..." Rien à faire.
"On trouve ça aberrant"
Les gérants de la boulangerie ne comprennent toujours pas comment ils en sont arrivés à fermer pour cette raison, "on trouve ça aberrant. C’est inadmissible, vu le taux de chômage dans la région."
Mais Nathalie Lefebvre a peut-être une petite explication. Selon elle, "ça ne plait pas aux jeunes parce qu’on travaille essentiellement les weekends. Dans l’atelier, on doit se lever de bonne heure, donc ça peut être compliqué d’être au travail à 3 heures du matin pour certains…" Avant de conclure : "Nous, on est artisans de quartier, il faut savoir dire bonjour, au revoir… et j’ai l’impression que c’est plus vraiment dans l’air du temps."
La gérante nous explique que plusieurs personnes ont fait des essais. Mais personne n’est resté. Elle affirme que, lorsque des candidats répondent à l'annonce, "sur 3 intéressés, il n’y en a qu’un seule qui se déplace. Ça vous donne une idée."
Les locaux quasi-vides
Depuis quelques jours, c’est le calme plat dans la boulangerie. Seul le fils des deux gérants travaille encore dans l’atelier pour les commandes de pâtisseries des clients fidèles. "Certains nous appellent encore, commandent des pâtisseries et passent les chercher au garage", raconte Nathalie Lefebvre, qui ne les a pas informés au préalable, dans l’espoir de trouver une solution jusqu’au dernier moment. "Ça a été un choc pour eux… comme pour nous."
Le couple de boulangers espère trouver un repreneur, même si Nathalie et Bernard Lefebvre sont défaitistes. Ils ont décidé de soutenir leur fille, qui a ouvert sa boulangerie à Linselles. "Elle a la même problématique au niveau des employés", avoue Nathalie, "alors on l'aide comme on peut."