Les 2 et 3 février prochains se déroule en région Rhône-Alpes le critérium national de danse sportive de Villeurbanne. Parmi les 300 couples inscrits, des Lillois : Cyrille Kirscher et Camille Bruneau affronteront les meilleurs danseurs de France de leur catégorie en danses latines et standards.
Ils passent une bonne partie de leur vie à danser à deux. Depuis 2017, Cyrille Kirscher, ingénieur en informatique de 24 ans, et Camille Bruneau, avocate de 30 ans, sont partenaires de danse sportive. Et ont très vite atteint ensemble le plus niveau de la discipline au fil de dizaines de compétitions. Jusqu'à devenir champions des Hauts-de-France en 2017 et 2018.
Partenaires depuis 2 ans
Installé à Lille pour faire ses études, Cyrille y a fait sa vie. Issu d'un milieu de danseurs de salon, il a baigné dans l'ambiance du cha cha et de la valse anglaise depuis tout petit : "J'ai commencé à 9 ans la danse en couple comme un loisir. Mais c'est quand je suis arrivé à Lille en 2012 pour faire mes études que je me suis intéressé à la compétition.", explique le jeune homme dont la voix semble être celle de quelqu'un d'un peu timide. Entre temps, il a dansé dans un club des Yvelines jusqu'à 13 ans puis en Ardèche où ses parents avaient déménagé.La compétition ? Je me suis dit : pourquoi pas ?
Avec sa partenaire du moment, Cyrille a donc commencé à se mesurer à d'autres couples. Et a gagné le nombre de points suffisants pour passer d'un niveau à un autre : "on a commencé en F (le niveau des débutants, ndlr) mais on a été rapidement reclassés en E. On a même gagné une année !!".
Arrivé en D, le couple doit se séparer : la partenaire de Cyrille est enceinte et ne peut plus danser. C'est alors qu'il rencontre Camille : "son partenaire à elle venait de partir pour l'Angleterre. J'ai mis un message sur Facebook sur les pages spécialisées en danse sportive et elle a répondu". C'était il y a deux ans.
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8h de danse en couple par semaine
Le problème, c'est que la jeune avocate travaille et vit à Paris. "on a fait des allers-retours toutes les semaines jusqu'à ce qu'elle vienne s'installer à Lille en octobre dernier"."En fait, j'ai eu une opportunité professionnelle à Lille, explique la jeune femme de 30 ans, avocate spécialisée en droit des entreprises. Mais c'est en grande partie pour la danse que je l'ai acceptée ! Je me suis dit que ça tombait bien !".
Originaire de la région parisienne, Camille a commencé la danse en couple sur le tard à 18 ans. Bien que danseuse depuis petite, elle est arrivée à la danse sportive par hasard : "je suis allée voir une compétition de haut niveau à Bercy il y a une dizaine d'années. Et j'ai été fascinée. C'est comme ça que je m'y suis mise".
Le temps de mes études, je n'étais pas très assidue. J'ai repris sérieusement quand j'ai travaillé.
Mais la compétition, elle ne s'y intéresse comme Cyrille qu'il y a 4 ans. La danse sportive a alors pris beaucoup plus de place dans la vie de ce couple qui n'en est pas un à la ville. Entre les entraînements et les cours, ils passent près de 8h par semaine à danser ensemble. "Chaque semaine, on a deux cours d'1h30 les mardis et jeudis soirs à Isbergue à une heure de Lille. Et 1h30 à Alfortville près de Paris le week-end. On en profite pour s'entraîner là-bas environ 3h à chaque fois, égraine Cyrille. C'est le minimum pour 10 danses."
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Latines, standards : deux univers différents
Car Camille et Cyrille n'ont pas le fait le choix de ne danser que les 5 latines ou les 5 standards admises en compétition. Ils concourent dans les 10 danses. "C'est difficile de choisir, avoue Camille. Les deux univers sont tellement différents ; rien à voir. J'aime vraiment les deux". Même réponse du côté de son partenaire : "les standards sont peut-être moins libres que les latines mais il y a une élégance et une prestance qui sont intéressantes à travailler. Dans les latines, on peut en revanche davantage s'exprimer."
On se dépense beaucoup physiquement. C'est un vrai sport
Un rythme sportif soutenu qu'il faut compléter avec d'autres activités physiques : "je cours et je fais de la corde à sauter pour entretenir le cardio, explique la longiligne et mince Camille. Chaque passage dansé, c'est comme un sprint d'1 minute 30 avec seulement 15 secondes de repos. Et on en enchaîne 5 à chaque fois. Côté alimentation, je fais attention tout juste ce qu'il faut. Je mange sainement mais pas de régime particulier. Et je mange du chocolat quasiment tous les jours ! "
Un investissement en temps et en argent
A leur niveau, cette passion a un budget : entre les cours, les entraînements, les billets de train, les locations de salle pour les entraînements, Cyrille y consacre chaque mois à peu près 500€. Un peu plus pour Camille dont l'âge ne lui permet plus de bénéficier des tarifs jeunes de la SNCF ! Une somme à laquelle il faut ajouter les déplacements pour les compétitions mensuelles auxquelles le couple s'inscrit. Et le prix des tenues. Si une tenue pour homme peut monter jusqu'à 300 euros, pour les femmes, c'est bien plus : "j'ai trouvé l'astuce ! s'amuse Camille. J'achète des tenues d'occasion. Mais même comme ça, ça reste cher."
Il faut compter 700 à 800€ pour une robe d'occasion de danses latines et 1200 à 1300€ pour les standards. Neuf, il faut compter au mimimum le double !
Côté vie personnelle, chacun vit avec un partenaire compréhensif : "mon petit ami a compris que la danse sportive est une partie intégrante de ma vie. explique Camille. Et puis, avant qu'on ne se rencontre, il savait ce que c'est et le niveau que cela demande. Donc, ça n'a pas vraiment été une découverte."
Passer pro, oui mais pas tout de suite
Cyrille et Camille évoluent à l'un des plus hauts niveaus de la danse sportive : ils sont actuellement en catégorie B. B, c'est l'anti-chambre pour devenir professionnels et concourir à l'international. Le critérium de Villeurbanne est l'une des compétitions à point du circuit qui pourrait leur permettre de passer en A. Mais le couple préfère se donner du temps : "l'objectif n'est pas de passer en A tout de suite, pour Cyrille. On va à Villeurbanne pour voir le niveau en B de tous les couples de France. Comme ça coûte cher, on privilégie les compétitions pas trop loin. Donc, on voit à peu près toujours les mêmes. Les critériums, c'est la rencontre des danseurs du nord et de ceux du sud. On peut avoir une meilleure idée du niveau."
On se donne encore quelques années pour passer pro. Ca nous tente, mais on sait qu'on n'a pas encore le niveau !
Ce que confirme Camille : "pour concourir à l'étranger, il faut être sûrs d'être suffisamment bons pour aller loin dans la compétition. Je pense qu'on a encore beaucoup de travail pour ça. A vrai dire, je le penserai toute ma vie ! On n'a jamais fini d'apprendre..."