L'opposition à la réforme des retraites était sur toutes les lèvres dans les défilés à Lille, Valenciennes ou Amiens. Les défilés de la fête des travailleurs ont pris une couleur très anti-Macron, au lendemain de sa réélection à la présidence de la République.
Des dizaines de milliers de personnes dans les rues, environ 250 points de rassemblements à travers toute la France... Au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron pour un second mandat comme président de la République et à la veille des élections législatives, le traditionnel défilé du 1er mai a été particulièrement suivi. Les personnalités de gauche étaient nombreuses dans les rassemblements locaux, surfant sur la vague de critiques de la future réforme des retraites, qui prévoit le recul de l'âge légal à 65 ans.
Pour l'historien Stéphane Sirot, interviewé dans le 10h-14h de France Info, "il s'agit pour les organisations syndicales qui organisent des défilés de construire un rapport de force. On parle beaucoup de troisième tour social, moi je préfère parler de la construction d'un rapport de force dans lequel les organisations sociales ont un rôle à jouer. Cela consiste à essayer de faire la démonstration de sa capacité à entraîner dans la rue un certain nombre de nos concitoyens. C'est peut-être aussi l'occasion, dans la conjoncture actuelle, d'envoyer un message aux organisations politiques."
A Lille, une manifestation très suivie et une gauche en campagne
A Lille, quelque 2 500 personnes étaient présentes dans le cortège parti de la Porte des Postes. Comme de coutume, la mobilisation lilloise de la fête des travailleurs a drainé les communes alentours. Les figures locales d'Europe-Ecologie Les Verts et de la France Insoumise ont participé au défilé, comme le maire LFI de Faches-Thusmenil, Patrick Proisy, ou le député Adrien Quatennens. "Toutes celles et ceux, quel qu'ait été leur vote précédent, qu'elles qu'aient été leur appartenance politique, qui veulent bâtir une majorité pour gouverner ce pays sur un programme de rupture, autour de l'union populaire, peuvent le faire et seront les bienvenus" a-t-il déclaré au micro de France 3, confirmant la couleur électoraliste du rassemblement. Parmi les figures récurrentes des défilés du 1er mai, l'"Eglise de la très sainte consommation", un mouvement parodique anti-pub, et des organisations étudiantes comme l'UNEF, étaient également du cortège.
Un cortège a également défilé à Roubaix, à l'initiative de la CGT Roubaix-Tourcoing. Plus éparse, la manifestation n'en était pas moins politiquement symbolique. "Tout est à nous, rien n'est à eux, tout ce qu'ils ont, ils l'ont volé" chantaient les participants en démarrant de la place du Travail. Outre le parcours classique, la CGT a intégré sur son parcours la rue de Lannoy, "instrumentalisée" dans un reportage très controversé sur l'islamisme radical, en partie tourné à Roubaix. Comme à Lille, qui a organisé sa parade des géants à l'issue du défile, la ville a choisi de donner un tour aussi festif à cette journée du 1er mai, avec un grand marché zéro déchets sur la Grand place. A Valenciennes, environ 150 personnes étaient rassemblés pour le défilé, auquel a participé le candidat PCF aux législatives Fabien Roussel.
En Picardie, une "opposition majoritaire" défile à Amiens et Creil
En Picardie, le plus grand rassemblement a été celui d'Amiens, qui a réuni 300 personnes dans le centre-ville. Là encore, l'opposition à la réforme des retraites était l'un des mots d'ordre de la manifestation, qui a ensuite convergé vers le parc de la Hotoie, où des festivités sont prévues jusque 17h. La CGT, l'UNSA ou encore l'UNEF font partie des organisations ayant appelé à la mobilisation. "Nous avons déjà eu 5 ans avec Emmanuel Macron au pouvoir, nos droits, nos aides, notre enseignement, tout à été mis en péril !" encourageait ainsi l'union étudiante la veille du défilé. Le député LFI François Ruffin, ainsi que le sénateur PS de la Somme Rémi Cardon, étaient présents dans le cortège.
Dans l'Oise, le rassemblement départemental était prévu à Creil, à 10h, au départ de la place Carnot. Le Parti Communiste local s'est étroitement allié avec la CGT pour l'organisation de cette mobilisation. Dès le 25 avril, la formation syndicale avait annoncé le message à faire passer lors de cette fête des travailleurs. "Emmanuel Macron a été réélu, il porte, avec le patronat, une lourde responsabilité dans la situation que connait notre pays. (…) Ses premières prises de parole démontrent pourtant l’inverse, envisageant même de passer en force une nouvelle réforme des retraites ! La CGT saura rapidement rappeler au Président et à son nouveau gouvernement qu’il existe une opposition majoritaire à ses projets" écrivait la CGT dans un courrier public. Emmanuel Macron, qui d'ordinaire communique sur ses réseaux sociaux à l'occasion du 1er mai, ne s'est pas encore exprimé.