A deux pas de l'Opéra de Lille, une statue en bronze grandeur nature, familière des passants, représente un jeune homme tranquille, au col de veste relevé. C'est Léon Trulin. Le 8 novembre 1915, les Allemands le fusillent pour espionnage. Faisant de lui "l'adolescent chargé de gloire".
Au début de l'occupation de Lille, Léon Trulin a 17 ans. D'origine belge, orphelin de père, il est parti très jeune à l'usine pour aider sa famille.
8 mois de convalescence après un accident lui permettent de lire beaucoup. La lecture de romans d'aventures exalte ses sentiments patriotiques. La guerre fournira à ce jeune catholique l'occasion de franchir le pas : il déniche un appareil photo et prend des clichés des installations allemandes.
En juin 1915, Léon Trulin gagne l'Angleterre pour s'engager dans l'armée belge. Refus. On le juge trop chétif. On lui confie alors des missions de renseignements. Léon va former un groupe de jeunes hommes baptisé "Noël Lurtin", anagramme de son nom.
Secondé par Raymond Derain, Léon Trulin fait passer outre-manche de précieux documents et des photos sur les mouvements des troupes ennemies et les emplacements de batterie. Mais dans la nuit du 3 au 4 octobre 1915, il est arrêté avec ses compagnons en Belgique, à la frontière hollandaise.
Le 5 novembre, Léon Trulin et ses compagnons sont condamnés à mort à Lille, seul Léon sera exécuté. Le 8 novembre, les Allemands le fusillent dans les fossés de la Citadelle. A la veille de mourir, dans sa cellule sombre et glacée, il écrit à sa mère: "Je pardonne à tout le monde, amis et ennemis. Je fais grâce parce qu'on ne me l'a fait pas."