En 1983, François Mitterrand, président de la République, se rend à Lille pour inaugurer un équipement alors unique au monde : le premier métro automatique. Intégralement conçu dans le Nord, ce morceau d'histoire et de fierté régionale fête aujourd'hui ses 40 ans.

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Nous sommes le 25 avril 1983 et Lille écrit une nouvelle fois l'histoire du progrès technique. Ce jour-là, le président François Mitterrand et son Premier ministre nordiste Pierre Mauroy se rendent dans la capitale des Flandres pour lancer le départ du premier métro sans conducteur au monde.

Le président de la République est arrivé à 15h40 et s'est posé en hélicoptère devant la station Quatre Cantons, à Villeneuve d'Ascq. François Mitterrand est accueilli par une foule d'un milliers de personnes, dans les rangs desquels de nombreux étudiants en informatique qui font leurs études sur place. Les détracteurs du métro, d'ailleurs, le minimisent volontiers en parlant de "navette étudiante". 

Mais c'est bien la volonté de décentraliser qui est souveraine dans ce projet, celui de relier entre elles les villes de la métropole.

"Vous me le jurez, et je garde la bande"

Le président est aussi accueilli par le maire socialiste de Villeneuve d'Ascq, Gérard Caudron et par le président de la métropole de Lille, Arthur Notebart. Il est l'un des premiers à avoir défendu le dossier de ce métro unique au monde et le projet de son inventeur, le professeur lillois Robert Gabillard. 

"La grande inquiétude des constructeurs, jusqu'au dernier moment, c'était de savoir si les gens accepteraient de monter dans un engin sans conducteur", raconte Jean-Michel Stievenard, ancien maire de Villeneuve-d'Ascq qui a écrit un livre sur le sujet.

"Notebart, il n'exprimait jamais la moindre hésitation même s'il avait forcément des doutes. Il avait fait jurer aux inventeurs, en les enregistrant au magnétophone, qu'il n'y aurait jamais aucun accident dans ce métro. Il leur a dit : "vous me le jurez, et je garde la bande." Gabillard avait le doute du bon scientifique, mais il a juré. On n'a jamais retrouvé cette bande d'ailleurs" raconte de son côté Bernard Guilleminot, directeurs des transports urbains de la MEL. 

A la pointe à plus d'un titre

Le brevet d’invention du système est déposé le 2 juillet 1971 et sonne le commencement des études de prototypes. L'université de Lille a été mobilisée pour développer les technologies qui ont rendu possible le lancement du métro. Les premiers prototypes du VAL - pour Véhicule Automatique Léger - sont en marche dès 1973, à Lezennes, sur l'emplacement actuel du stade Pierre Mauroy.

En 1983, l'équipement est à la pointe, et à plus d'un titre : il est également accessible aux personnes à mobilité réduite. En France, les premières lois sur l'accessibilité, lancées en 1975, sont toutes récentes.

A l'époque, les enfants comme les adultes se précipitaient pour monter à la "place du conducteur.

Jean-Michel Stievenard, ancien maire de Villeneuve-d'Ascq

En parallèle du perfectionnement de la technologie du VAL, les pouvoirs publics ont mené la construction des tronçons qui doivent faire circuler le métro ainsi que des stations censées accueillir les voyageurs. Le premier tronçon de la ligne 1 s'arrête alors à République, à Lille, et couvre 13 stations. On est loin des 62 stations et des deux lignes qui quadrillent actuellement la métropole. 

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La présentation du prototype du VAL, en 1973. ©INA

"Aujourd'hui, ça n'étonne plus personne, sourit Jean-Michel Stievenard. Mais à l'époque, les enfants comme les adultes se précipitaient pour monter à la "place du conducteur". Il y avait une fierté dans la métropole d'avoir ce premier métro automatique, c'était formidable. Chaque fois que des visiteurs venaient dans une famille, ils avaient droit à un petit tour de métro."

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