La comptine du "P'tit quinquin'" souffle cette année sa 170ème bougie. La berceuse est célébrée du 12 au 29 novembre 2024 à la mairie de quartier de Lille-Centre. Spectacles, ateliers, exposition mettent à l'honneur l'enfant à qui est destinée la chanson traditionnelle.
Le géant Narcisse trône au centre de la mairie de quartier de Lille-Centre. L'enfant à qui est chanté "Le p'tit quinquin" est l'objet de toutes les attentions.
Ici, des photos de Narcisse sur une pancarte, baladé par les habitants dans plusieurs endroits de la ville. Là, les vœux envoyés par les résidents de la maison de retraite des Bateliers à l'enfant sur des cartes postales. Tout le monde y a mis du sien. La maison de la poupée de Wambrechies a, par exemple, fourni les doudous et jouets anciens, tandis que les pancartes où figure "Le p'tit quinquin" ont été éditées par l'établissement d'aide par le travail (ESAT) de Lille Fives. L'enfant bercé prend vie à travers différents ateliers.
Mais c'est surtout - évidemment - en musique que l'on fête Narcisse : deux musiciens du groupe lillois Babel Tour entonnent pour l'occasion la berceuse à la guitare. La salle reprend en chœur les paroles en patois picard, accompagnée par Martine Aubry, maire de Lille.
Une comptine emblématique
L'adjoint au maire Franck Hanoh tient à ce projet, lancé début 2024. Et pour cause : "L'canchon dormoir" (berceuse en patois picard) fait partie intégrante de l'identité culturelle du Nord de la France, et rappelle la vie des ouvrières de la région. Ce serait en observant une dentellière qui tentait d'endormir son enfant que son compositeur, Alexandre Desrousseaux, aurait écrit "Le p'tit quinquin", en 1853.
Franck Hanoh appuie sur l'importance d'une lecture de la chanson qui laisse entendre la misère de l'époque. La comptine est selon lui "un fil conducteur historique entre générations futures et passées".
Le "p'tit quinquin" à travers les âges
Sylvie Chatelet est bénévole pour le centre social La Busette. Elle a participé à l'atelier "Raconte moi ton doudou", un recueil de photos et d'anecdotes sur les doudous des enfants lillois. Elle y a glissé des photos d'elle petite, mais aussi de sa mère. "On a tous plus ou moins chanté la comptine à l'école", sourit la retraitée. "Comme ça, on fait perdurer la chanson, en l'expliquant aux enfants". Le centre social a également confectionné un nouveau polichinelle pour Le Géant Narcisse, hébergé toute l'année dans la mairie Lille-Centre.
Pour Ibrahim, Justine et Hakime, "Le p'tit quinquin" est une découverte. Tous trois sont étudiants en école de commerce, ils s'amusent de certains mots de patois picard.
C'est drôle, c'est comme La Marseillaise du Nord !
Ibrahim, étudiant
"C'est drôle, c'est comme La Marseillaise du Nord !", s'exclame Ibrahim, 27 ans. Justine elle, est lilloise d'origine. Elle s'étonne, du haut de ses 25 ans, de n'avoir jamais entendu parler du "P'tit quinquin". Elle salue une initiative qui "fait mieux découvrir l'histoire de la ville".
Un anniversaire festif
Au programme du week-end du 16 et 17 novembre 2024 sont prévus spectacles de conteurs, quiz en patois, et plusieurs expositions, autour de l'histoire et de l'évolution de Narcisse.
La ludothèque Chez Audulle proposera dimanche 17 novembre un atelier pour déposer leurs vœux auprès de la poupée. Et à 19h, une bougie sera soufflée en l'honneur des 170 ans de la berceuse que l'on peut entendre tous les jours à 12h, sonnée par le carillon du beffroi de la Chambre de commerce et d'industrie de Lille.
Au square Foch, la statue de la dentellière et du p'tit quinquin, vandalisée en novembre 2023, va elle aussi connaître un nouveau souffle. Symbole de la culture populaire lilloise, la statue est en train d'être resculptée, en marbre.
Une célébration rendue possible par la mobilisation de bénévoles durant 6 mois. Une initiative dont l’objectif est la "pérennisation et le partage" affirme Matthieu Meerpoel, conseiller de quartier de Lille-Centre et responsable des ateliers.