Alors qu'elle était restée silencieuse jusqu'ici, murée dans sa mairie de Lille, Martine Aubry appelle les socialistes à valider l'accord avec La France insoumise et à faire l'union de la gauche. "Il implique que chacun fasse des pas vers l’autre." Même si "Chacun imagine que cet accord ne correspond pourtant pas en tout point à mes convictions profondes."
Elle refusait depuis des semaines toute sollicitation et demande d'interview. Mais ce jeudi 5 mai 2022, elle valide l'accord pour les Législatives entre LFI et le Parti Socialiste. Dans un long communiqué où elle s'explique sur les raisons de son choix, l'ancienne première secrétaire du Parti Socialiste se démarque ainsi de François Hollande qui "récuse" ou de l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve qui démissionne du parti.
Elle affirme dans ces deux pages qu'elle a encouragé depuis le début "des discussions avec La France insoumise et l’ensemble de la gauche et des écologistes."
Des valeurs communes sauf l'Europe
"Je partage les propositions de justice sociale comme l’augmentation du pouvoir d’achat, la retraite à 60 ans pour tous ceux que le travail a usés, la défense des services publics, en particulier l’école et la santé, l’égalité hommes – femmes, le développement de la culture." Elle encourage aussi les mesures écologistes et l'intervention directe des citoyens.
Cependant, elle reconnaît des divergences et l'Europe reste le gros point d'achoppement. Elle parle même "de réserves majeures" sur ce chapitre.
Chacun imagine que cet accord ne correspond pourtant pas en tout point à mes convictions profondes. J’ai des réserves majeures concernant l’Europe.
Martine Aubry, maire PS de Lille
"Aussi critiquable que soit le fonctionnement actuel de l’Union Européenne qui a trop encouragé la libéralisation de l’économie et n’a pas protégé les plus fragiles exposés aux ravages de la mondialisation, la place de la France est et reste dans l’UE. La désobéissance aux traités et directives n’est pas une option. Leur révision pour plus de justice sociale et écologique, en revanche, doit être notre objectif."
Cela reste donc pour Martine Aubry, un accord avec des limites. Mais "comme tout accord pour s’opposer à la droite et l’extrême-droite, il implique que chacun fasse des pas vers l’autre. Depuis trop longtemps à gauche, nous n’en avions plus l’habitude."
Rassembler la gauche avant tout
Persuadée que son parti doit d'abord écouter les électeurs de gauche demandeurs d'unité et de rassemblement. Elle rappelle les fondamentaux : "Dans son histoire dont nous pouvons être fiers, le Parti Socialiste a souvent eu la responsabilité de faire le rassemblement et nous l’avons toujours fait dans le respect des identités de chacun de nos partenaires."
L'accord à ses yeux invite d'abord les élus socialistes à se mettre au travail pour engager la reconstruction et retrouver la confiance de ses électeurs. "Soyons au rendez-vous de ce que les femmes et les hommes de gauche attendent de nous et faisons tout pour que le plus grand nombre d’élus de gauche soient présents à l’Assemblée nationale", conclue t-elle, entre conciliation et appel au combat.