"Les problèmes arrivent en tsunamis dans le cabinet", des médecins libéraux en grève pour deux jours

Une partie des médecins libéraux est en grève, le jeudi 1er et vendredi 2 décembre. Entre hausse des tarifs des consultations et demande de restructuration du système, les revendications sont larges.

Pour la première fois de sa carrière, ce jeudi 1er décembre, docteur Fancy Geller n'a pas ouvert son cabinet généraliste à La Madeleine, près de Lille. "Au début, on culpabilise en se disant qu'il y a quand même des gens qui seront malades, dit-elle. Mais en même temps je pense que dans quelques années on ne sera plus là... Donc c'est maintenant qu'il faut le faire."

Cette médecin généraliste participe à ce mouvement  "historique" réunissant un très large front syndical de médecins libéraux et de biologistes. Cette grève - une première depuis 2015 - a été initiée par le jeune collectif "Médecins pour demain", qui a rassemblé en quelques semaines près de 15.000 membres sur Facebook, symptôme d'une colère qui se répand parmi les 110.000 praticiens libéraux en exercice.

Revalorisation salariale et allègement administratif

Les raisons de cette colère ? "On a de plus en plus de charge de travail, plus d'administratif, toujours plus de patients, avec des pathologies de plus en plus lourdes, explique la médecin Fancy Geller. Tout est plus compliqué."

Autre revendication : la revalorisation salariale avec le doublement du tarif de la consultation de 25 à 50 euros pour s'aligner sur les tarifs européens. "Cinquante euros, ça peut paraître complètement fou, mais c'est un point sur l'horizon pour s'approcher de la moyenne européenne" du tarif de consultation, autour de 45 euros, fait valoir Jérôme Marty, du syndicat UFML.

La hausse des tarifs est présentée par les syndicats comme une nécessité pour créer un "choc d'attractivité" vers une médecine de ville écrasée par les tâches administratives au détriment du soin, et qui n'attire plus les jeunes.

"Le médecin ne doit pas être en première ligne"

Christophe Lamarre, médecin traitant à Roubaix, ne partage pas complétement cet argument. "Ce ne sera pas suffisant pour que des jeunes s'installent en cabinet, avance-t-il. C'est bien plus compliqué que cela." Habitué du public défavorisé, il explique également la difficulté d'avancer une consultation à 50 euros. "Pour une famille avec deux enfants, ce n'est pas simple de sortir 100 euros en fin de mois", prend-il en exemple.

Selon lui, la problématique relève de la structure de la médecine générale. "Le cabinet médical des années 50 est resté le même, explique-t-il. Or, on est beaucoup moins nombreux qu'avant, donc ce n'est plus tenable". Il évoque la surcharge de travail et la multitude des problèmes à gérer, hors médecine pure. "Toutes les problématiques arrivent comme un tsunami dans le cabinet. Le médecin ne doit plus être en première ligne."

La solution ? Pour Christophe Lamarre, il faudrait davantage "travailler plus en équipe". Développer les structures interprofessionnelles, où se côtoient ; médecins, services sociaux ou encore éducateur de santé. "Seul, le médecin traitant a beaucoup trop de trucs à faire et a l'impression de donner des coups d'épées dans l'eau", déplore-t-il.

Le gouvernement fera une proposition

En réponse à cette grève, Thomas Fatôme, directeur-général de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (Cnam), a indiqué jeudi 1er décembre sur Franceinfo qu'"une revalorisation des tarifs" sera proposée aux médecins libéraux. "C'est évidemment considérable, une augmentation de 100 %. Est-ce que les Français sont prêts à débourser 50 euros ?", s'interroge-t-il.

Les médecins ne sont pas seuls dans ce mouvement, qui concerne aussi les biologistes libéraux. Pointés du doigt pour leurs profits records liés aux tests Covid-19, les laboratoires refusent mordicus la ponction de 250 millions d'euros par an sur les autres examens, inscrite dans le budget de la Sécurité sociale.

Ce secteur a annoncé non pas deux mais trois jours de mobilisation, de jeudi à samedi.

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