Le passage de la métropole lilloise en "alerte renforcée" et les mesures de restrictions sanitaires annoncées par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 provoquent la colère des gérants d’établissements lillois de débit de boissons, qui préparent une manifestation.
"On a l’impression que notre profession est stigmatisée, on a l’impression d’être des assassins, des vecteurs du Covid." Guillaume Delbarre, gérant du Privilège, bar de la rue Royale, a des mots forts. A la hauteur du coup de massue qu'il a reçu, mercredi 23 septembre vers 19 heures, lorsqu'il a pris connaissance des nouvelles mesures de restrictions sanitaires annoncées par le gouvernement pour deux semaines (voir ci-dessous). Et du passage de la métropole lilloise en "alerte renforcée", ce qui signifie notamment que les bars fermeront à 22 heures à partir de lundi."On est en colère, explique Guillaume Delbarre. On est en train de reconfiner nos établissements. On a perdu entre 30 et 70% de chiffre d’affaires dans la profession. Aujourd’hui, on est pointés du doigt, et il y en a ras-le-bol." Guillaume Delbarre s’est réuni avec plusieurs gérants de bars lillois ce jeudi matin.
Pour évoquer leur colère : "On a l’impression d’être complétement accusés. Depuis le 2 juin et la réouverture des établissements, on a eu près de 30 contrôles de police et de gendarmerie. On encadre nos clients mais là, ils vont se retrouver dans des appartements et ils vont se contaminer."
Les patrons de bars réfléchissent à une manifestation
Le gérant a annoncé "regarder pour préparer une manifestation" en concertation avec ses collègues, mardi à 22h30 sur la Grand’Place. D’ici là, les mesures du gouvernement seront entrées en vigueur. Car le ministre de la Santé, Olivier Véran, a durci le ton.
Alors que les départements du Pas-de-Calais et du Nord, à l’exception de la métropole lilloise, passent en "zone d’alerte" comme 67 autres départements français – dans ces territoires, les fêtes, mariages, tombolas et événements associatifs devront se tenir à moins de 30 personnes – Lille et sa métropole, comme six autres villes et Paris et sa petite couronne, rejoignent Bordeaux, Lyon et Nice en zone "d’alerte renforcée", où le taux d’incidence dépasse les 150 cas pour 100 000 habitants, et 50 cas pour 100 000 habitants chez les personnes de plus de 65 ans.
[#COVID19] Il nous faut donc, pour chaque territoire et en concertation avec les élus locaux, les préfets et les Agences régionales de santé, prendre les mesures adaptées, celles qui permettront de poursuivre la vie économique, culturelle et sociale ⤵️ pic.twitter.com/mgIuIZTFnJ
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) September 23, 2020
Rassemblements limités, fêtes interdites
Dans la métropole lilloise, les habitudes vont changer à partir de lundi :
- Fermeture des bars à 22 heures au plus tard
- Abaissement de la jauge de rassemblement à 1 000 personnes
- Rassemblements de plus de dix personnes interdits dans l’espace public
- Interdiction des fêtes locales et étudiantes
- Fermeture des gymnases, des salles de sport et des salles des fêtes
"La situation continue globalement de se dégrader, dans certains territoires, et les conséquences sanitaires, en particulier le niveau de tension hospitalière, exige que nous prenions des mesures supplémentaires", a justifié le ministre de la Santé, qui a précisé que le télétravail devait être encouragé au maximum.
Le préfet de région pourra adapter localement ces décisions afin de les rendre "les plus vivables possibles", a précisé M. Véran. Le ministre a déjà annoncé que les entreprises impactées seraient "financièrement soutenues".
La métropole lilloise, une "zone où le virus circule très fortement"
Et si la métropole lilloise demeure une "zone où le virus circule très fortement, y compris chez les personnes âgées, avec déjà de premiers impacts sur le système de santé", la situation n’est pas aussi critique qu’à Aix-Marseille et en Guadeloupe, placées en "alerte maximale". Ce qui signifie la fermeture totale, à partir de samedi, des bars et restaurants.