Alors que la communauté de Riaumont est au cœur d'une vaste enquête ouverte pour des soupçons d'agressions sexuelles, comment fonctionne la cellule d'écoute mise en place par le Diocèse de Lille pour lutter contre la pédophilie ?
Alors que la communauté de Riaumont est au cœur d'une vaste enquête concernant des soupçons d'agressions sexuelles et de maltraitance, comment gérer la parole des victimes au sein de l'Église ? Cette question est régulièrement abordée depuis la conférence des Évèques de 2016, en conclusion de laquelle les participants ont demandé aux différents diocèses de mettre en place des cellules d'écoute.Dans le Nord, le Père Bruno Cazin est responsable de cette cellule d'écoute, lancée l'année dernière, et qui a été précédée d'un vaste plan de formation. "Nous avons mis en place une formation au sein du diocèse il y a un an environ, à l'intention des prêtres, des diacres, des animateurs dans les aumôneries etc.", nous a expliqué Bruno Cazin. "L'objectif c'était de les sensibiliser aux abus sexuels, avec la question des abus venant des religieux, mais aussi des abus venant de la famille, des proches : comment faire face aux confidences des victimes ?"
Une attention particulière a été donnée aux personnes en lien avec des mineurs. "Des formations plus spécifiques sont aussi organisées pour ceux qui ont des responsabilités avec des jeunes", précise Bruno Cazin, notant que "c'est très difficile de le déceler quand il y a un problème, car il n'y a pas de symptômes spécifiques. On peut en revanche prêter attention à un changement de comportement brutal."
Quelques témoignages
Au-delà de la formation des religieux, la cellule d'écoute consiste à accueillir les témoignages d'éventuelles victimes. "Nous sommes contactés par mail essentiellement, sur une adresse mail spécifique", explique Bruno Cazin. Depuis le lancement de la cellule, quelques personnes ont envoyé un message, "qui se comptent sur les doigts d'une main".
Pour le moment, le responsable de la cellule d'écoute n'a pas eu à gérer d'éventuelles poursuites judiciaires, car les personnes qui l'ont contacté ont indiqué avoir "été abusées par des prêtres aujourd'hui décédés". "En revanche, nous travaillons en lien étroit avec les centres hospitaliers", ajoute le religieux. A Lille, le Diocèse a ainsi passé une convention avec l'URSAVS, l'Unité Régionale pour le Suivi des Auteurs de Violence Sexuelle du CHRU.
Une prise en charge médicale souvent nécessaire, même des années après les faits. "Les personnes qui nous ont contacté portaient ça depuis 40 ans, parfois 50 ans. Les personnes blessées le sont encore très longtemps après", ajoute Bruno Cazin, qui précise que "la médiatisation de certaines affaires a permis à d'autres victimes de se sentir autorisées à sortir de leur silence."
Une cellule d'écoute similaire a également été mise en place dans les diocèses d'Arras et de Cambrai.