La cellule investigation de Radio France et France Bleu ont publié le 19 septembre une enquête sur les quantités de polluants éternels dans l'eau du robinet en France. Sur les prélèvements réalisés à Lille, les PFAS cancérogènes ou interdits retrouvés sont en quantités préoccupantes. Faut-il s'inquiéter ?
89, c'est le nombre de prélèvements qui ont été réalisés par les bureaux de France Bleu à travers l'hexagone entre le 8 avril et le 5 juin. Leur objectif ? Analyser la présence des PFAS sur le territoire métropolitain. Sur la totalité des échantillons, 43% contiennent des polluants éternels.
Les PFAS, vulgairement appelés "polluants éternels", sont des substances chimiques aux propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou encore résistantes aux fortes chaleurs utilisées depuis les années 50 dans l'industrie. Ils sont le fruit de l'invention de l'Homme.
De ce fait, ces PFAS sont présents dans de nombreux objets de la vie courante, comme les poêles, barquettes alimentaires et autres mousses anti-incendie. Extrêmement persistantes, ces substances polluent leur environnement pour de nombreuses années : l'air, le sol mais aussi l'eau.
La cellule investigation de Radio France s'est ainsi penchée sur cette dernière forme de pollution. Dans leurs échantillons préoccupants figurent ceux réalisés à Auxerre, Saint-Jean-de-Losne, Saint-Vit, Déols et... Lille.
Une quantité importante de polluants éternels à Lille
Pour classifier les 89 prélèvements, les journalistes de France Bleu ont donc réparti les résultats en 5 catégories : les prélèvements qui passent sous les seuils de détection, ceux où les PFAS sont en faible quantité, ceux ou les PFAS cancérogènes ou interdits sont en faible quantité et quantité importante, ainsi que ceux où les PFAS sont en quantité trop élevée.
Maintenant cette gradation en tête, revenons au cas lillois. Sur 25 PFAS recherchés, 9 ont été détectés, dont 3 interdits en France et/ou particulièrement cancérogènes. L'échantillon lillois fait état d'une quantité de PFHxS (un PFAS) supérieure à 10 ng/L, et de polluants éternels cancérogènes supérieurs à 4 ng/L. "Des dépassements de seuils qui, aux États-Unis par exemple, alertent les autorités, qui informent leurs habitants du problème et prennent des mesures pour réduire la pollution" détaille France Bleu.
Faut-il s'inquiéter ?
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) détaille qu'un organisme qui serait en contact avec une quantité trop importante de ces polluants éternels s'expose, entre autres, à une augmentation de son taux de cholestérol, à des cancers, à des effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie et les reins...
Il est donc légitime de se demander s'il faut continuer à boire l'eau du robinet à Lille. "Cela ne veut pas dire que parce que vous buvez cette eau vous aurez forcément le cancer, mais c’est une augmentation du facteur de risque de 10 ou 20%. Il faut rappeler que fumer multiplie par 40 le risque d’attraper un cancer du poumon" tempère Robert Barouki, professeur de toxicologie à nos confrères de France Bleu.
La réponse de La Métropole européenne de Lille
Dans un communiqué publié le 19 septembre la Métropole européenne de Lille affirme : "bien que des traces de plusieurs polluants aient été détectées, les niveaux constatés dans le cadre de cette enquête de Radio France sont inférieurs aux seuils de qualité établis par la réglementation. Par ailleurs, toutes les analyses réalisées jusqu’alors par la MEL comme par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Hauts-de-France demeurent également en deçà de ces seuils de qualité. Compte tenu des analysées réalisées, l’eau de la métropole peut continuer à être distribuée et consommée".
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